SÉRIES

POUR INFO : IMAGE FABRIQUÉE MBEJA, I.A.
A PROPOS ET TABLE DES MATIERES SUIVENT.

à propos

Les séries qu’on propose ici sont celles dont l’on se souvient intensément, qui ne sont donc pas celles englouties mécaniquement pendant des nuits d’insomnie, dans lesquelles les images se succèdent automatiquement, le sentiment en repos. Notre part enfantine se laisse toujours avoir lorsque l’histoire commence, même si elle est insipide et mal tournée. C’est notre côté fainéant, récepteur du vide, lequel, il est vrai, repose l’esprit, mais laisse une impresson de méchante fatigue qui s’évanouit quand la série est bonne.

Remerciements à Sens critique, Télérama (Dieu, qu’il est dommage, pour le plaisir du texte, que cette revue magnifique emplie de talents, ait plongé dans le wokisme primaire et l’insoumission de principe, dans la ligne éditoriale du Groupe de presse auquel elle appartient), Wikipédia, et autres sites en ligne, toujours cités quand on colle une critique.

LA TABLE DES MATIERES EN TÊTE DE LA SECTION POURRA AIDER. UN CLIC SUFFIT POUR ATTERRIR OU L’ON VEUT. ON S’EST PERMIS DE METTRE UNE OU PLUSIEURS ETOILES ASTERISQUE (*) DEVANT LE TITRE DE CELLE QUE J’APPRECIE LE PLUS, MÊME SI, EVIDEMMENT, “BETTER CALL SAUL” EST LA MEILLEURE DE TOUS LES TEMPS ET QUE “FLEABAG” OU “THE BEAR” SONT DE PETITES MERVEILLES, COMME “FRIDAY NIGHT LIGHTS“, NUL NE POUVANT ME CONTREDIRE PUISQU’AUSSI BIEN, IL N’EXISTE PAS DE FONCTION “COMMENTAIRE ” SUR LES PAGES.

Table des matières

LES RECENTES

TRUE DETECTIVE, FARGO : NOUVEAUX OPUS

Ceux qui, un peu comme moi, accordent aux séries bien faites le même satisfecit qu’aux bons films n’ont pu rater les deux mythiques en titre. True détective créée et écrite par Nic Pizzolatto et réalisée par Cary Fukunaga, en 2014, a bouleversé le monde ds séries par son type de réalisation, sa photo, le ton de ses personnages;Elle est devenue anthologie et doré encore plus le blason du producteur HBO.

Ceux qui considèrent les frères Cohen comme d’immenses réalisateurs, qui avec Trantino ont donné un coup de pied rageur dans le cinéma installé connaissent leur film Fargo qui est, par la suite devenu une série magique, dans le ton du film.

Les deux séries s’étaient arrêtés à la saison 3 pour TD et à la saison 4 pour Fargo. On a attendu l’opus 4 et 5; Curieusement, ils viennent, épisode par épisode ce mois de Janvier 2024.

La saison 4 de True détective est enlevée par Jodie Foster, encore une fois géniale, en tous cas dans le premier épisode (on revient aux séries avec épisodes chaque semaine au compte-goute comme avant, ce qui n’est pas mieux. Il faut le dire : les hommes dans cette série sont expulsés : toutes sont des femmes , les réalisatrices, les actrices. Ce qui n’a, évidemment aucune importance mais qui fait la joie des féministes chic. Malheureusement, pour les radins, qui préfèrent payer 30 € un mauvais steak frites, il faut aller payer sur Prime Video et prendre l’option “Pass Warner” à 9 € mois, mais c’est sans engagement, on peut donc résilier après avoir vu les 6 épisodes de cette saison.

Quant à la saison 5 de Fargo, 2 épisodes depuis Jeudi 19 janvier sur Canal; On les a vu. Excellents.

On colle Les 2 critiques :

FARGO

Cette cinquième saison inspirée du film culte des frères Coen est une franche réussite, aux accents féministes et à l’humour noir décapant.

Par  Pierre Langlais Télérama

Publié le 18 janvier 2024 à 18h00

Dorothy Lyon, emportée dans une foule hostile, tase par erreur un policier. À peine rentrée de garde à vue, cette femme au foyer du fin fond du Minnesota est kidnappée – non sans difficultés – par deux truands. Pourtant, cette brindille, mère aimante et épouse dévouée, n’a rien d’un gangster…

Comment expliquer cette attaque ? Pourquoi est-elle si nerveuse ? Est-ce lié à sa belle-mère, richissime industrielle aux pratiques douteuses ? Indira Olmstead, une jeune flic locale en mal de reconnaissance, mène l’enquête. Roy Tillman (Jon Hamm), shérif droitier et brutal, s’en mêle aussi.

  La série “Fargo” en intégralité sur MyCanal : la recette givrée d’une adaptation réussie

Comme à chaque nouvelle saison, Fargo, anthologie adaptée du film culte des frères Coen (1996), reprend tout de zéro. Ce nouveau récit revient aux fondamentaux : une poignée de personnages naïfs ou vicieux – et souvent les deux à la fois – mettent le doigt dans un engrenage meurtrier glacé et glaçant. Ce cinquième opus, bourré d’humour noir et de scènes d’action explosives, prend peu à peu des accents féministes. Sous la neige du Minnesota et du Dakota du Nord se cache une Amérique réactionnaire, capitaliste et machiste, contre laquelle toutes les forces féminines, bienveillantes ou non, pourraient bien finir par s’unir.

SYNOPSIS; En 2019, Dorothy Lyon, une femme au foyer qui mène une vie tranquille dans le Midwest, est confrontée à une série d’événements inattendus. Alors qu’elle vivait jusque-là un quotidien des plus banals, les forces de l’ordre s’intéressent à elle. Tout ce grabuge n’est pas du goût de sa belle-mère, la fortunée Lorraine, qui se demande ce que lui cache sa belle-fille. Celle-ci se retrouve malgré elle replongée dans un passé qu’elle pensait à jamais derrière elle. La série renoue avec l’atmosphère caractéristique qui a fait son succès dans une cinquième saison portée par les interprétations très justes de Juno Temple et John Hamm. 

TRUE DETECTIVE

EXTRAIT ECRAN LARGE. La série True Detective est de retour. Dix ans après la saison 1 avec Matthew McConaughey et Woody Harrelson, devenue instantanément culte, la création de Nic Pizzolatto a droit à une renaissance, mais presque sans lui. Réalisatrice et (co)scénariste des 6 épisodes, Issa López prend le relais pour une saison 4, intitulée Night Country, avec Jodie FosterKali ReisJohn Hawkes et Finn Bennett. Après l’accueil très tiède réservé aux saisons 2 et 3, ce retour est-il à la hauteur ?

critique saison 4 Night Country Jodie Foster

NIGHT DETECTIVE

Tout commence avec une nuit interminable qui tombe sur l’Alaska, des phénomènes inquiétants autour d’une station de recherche, et une chose qui sort des ténèbres pour emporter les scientifiques. Ça ressemble à un bon épisode de X-Files, surtout quand Jodie Foster (qui a prêté sa voix au tatouage tueur de l’épisode Plus jamais, dans la saison 4) débarque pour enquêter sur la disparition de huit hommes, avec comme seul indice une langue coupée. Mais c’est bien True Detective, quasiment revenue d’entre les morts pour une nouvelle vie.

    ** LESSONS OF CHEMISTERY :

    Du féminisme comme on l’aime, sublime Brie Larson, mise en scène juste, photographie exacte : belle série

    Adaptée du best-seller de Bonnie Garmus, Lessons in Chemistry nous conte la vie d’Elizabeth Zott (Brie Larson), une brillante scientifique éprouvée par l’environnement masculin, dans les années 1950. Elle passera derrière les fourneaux, avec un panache extraordinaire.

    Interprétée par a magnifique Brie Larson (Captain Marvel), cette chimiste qui peine à se faire une place comme chercheuse à l’université et parvient donc “à donner une dimension politique à une émission culinaire”.

    Comment une brillante scientifique comme Elizabeth Zott a-t-elle atterri à la télévision pour faire des bons petits plats ?

    * LOVE AND DEATH

    une anatomie d’un meurtre bien ficelée.

    Décembre 2023.

    Amérique profonde et épouse modèle, paroissienne assidue, qui veut avoir une aventure avec le mari de sa meilleure amie. Elle y arrive et passe des moments délicieux dans des motels glauques (love)

    Et un drame, un meurtre de cette meilleure amie trompé à coups détache. (death). Et un procès que la culpabilité alors que l’on d-sait qui l’a tuée.

    BANDE ANNONCE

    EXTRAIT DE TELERAMA : Un fait divers de 1980 : Candy finira par tuer Betty à coups de hache. Cette histoire, décryptée dans plusieurs livres et documentaires, a déjà été romancée dans une série diffusée l’an passé, Candy, avec Jessica Biel dans le rôle-titre. Chapeautée par le stakhanoviste David E. Kelley (Ally McBeal, Big Little Lies), Love & Death applique à la lettre les codes du true crime. Son suspense est prétexte au portrait d’une communauté aussi pieuse qu’hypocrite, d’où se détache une poignée de personnages tourmentés, incarnés par des acteurs irréprochables. Ce thriller intimiste ne renouvelle pas assez un genre à la mode, qui déjà s’essouffle. Mais le public français, qui ignore la conclusion des événements, trouvera suffisamment de raisons de s’y attarder jusqu’au terme de ses sept épisodes. Bernard Langlais

    Excellente série, excellente, belle Elisabeth Olsen. MB

    Cette série “cartonne”, parait-il sur Neffix. N° 1. Voir la critique de GQ, ci-dessous. Mais vraiment, rien de sensationnel. Toujours pareil, des armes )à feu, un passé, du terrorisme, de la violence déjà vue, du faux sentimentalisme. Bref tout ce qui fait courir le banal. Regardez si vous voulez. C’est peut-être moi qui suis de mauvaise humeur.

    The Golden Hour, la nouvelle série Netflix à regarder

    The Golden Hour est signée Simon de Waal, peut-être un inconnu pour vous mais pourtant grand spécialiste des séries et fictions aux Pays-Bas, notamment salué pour la série Sleeperssortie en 2022. Dans The Golden Hour, le créateur propose aux spectateurs de suivre pas à pas le policier Mardik Sardagh dans sa quête anti-terroriste. Le titre de la série fait référence à la première heure cruciale qui suit un incident. En l’occurence, il s’agit d’un attentat terroriste : deux hommes roulent avec un camion dans la grande allée du Marché Est d’Amsterdam renversant tout sur leur passage. Une fois descendue de leur véhicule, ils tirent sur les passants. Très vite, la police locale et le Raid sont dépassés par les événements et Mardik Sardagh décide de se lancer seul dans la traque aux terroristes. Et ce pour une très bonne raison : il est sûr de connaître l’homme à la base de cette attaque. Sauf qu’il y a, bien entendu, un “mais” à sa quête : Mardik est lui-même surveillé de près par la sécurité nationale qui croit voir en lui un… terroriste, en raison d’un passé assez trouble et d’un récent voyage en Afghanistan, pays où il a grandi jusqu’à l’âge de 7 ans.

    Il est inutile de vous en dire plus ici. Nous vous conseillons simplement de vous poser dans votre canapé et de regarder les six épisodes d’environ 50 minutes chacun qui composent cette série. Avec un détail important à prendre en compte : ne regardez pas la fin des épisodes 1 à 5 car ils dévoilent des images importantes de l’épisode qui suit. Dès que vous voyez les premières écritures du générique, passez donc directement à la suite.

    L’ENLEVEMENT D’ALDO MORO LES BRIGAGES ROUGES ITALIENNES

    Le 16 mars 1978, Aldo Moro, le président de la Démocratie chrétienne, est enlevé par les Brigades rouges. En état de choc, le gouvernement italien se retrouve face à un dilemme : faut-il accepter la négociation avec le groupe terroriste, quitte à mettre en péril la démocratie, ou ne rien céder et prendre le risque de l’exécution de l’un des siens ?

    Extrait France Culture :

    Un objet culturel passé au crible d’une critique libre et assumée. Aujourd’hui, Esterno notte, la première série de Marco Bellocchio, Ce sont six épisodes d’une heure chacun environ, signés par le grand réalisateur italien Marco Bellocchio, à qui on doit par exemple Le Traître, ce vaste film de procès sur la mafia. Six épisodes qui retracent, dans un dispositif singulier, les quelques jours qui ont précédé et suivi l’enlèvement en mars 1978 du Président de la Démocratie Chrétienne Aldo Moro par les Brigades Rouges, alors qu’en Italie la tension politique est forte, et qu’on discute au sein du parti historiquement majoritaire, de l’opportunité d’une alliance stratégique avec le Parti communiste. Jalon majeur de l’histoire contemporaine italienne, l’enlèvement et l’assassinat de Moro obsèdent semble-t-il Bellocchio, qui en a déjà fait un film il y a vingt ans intitulé Buongiorno, notte. Le voilà donc repris par cette matière, qui fouille et refouille le trauma national.

    Serial violeur.  Sambre adapte le récit de la journaliste Alice Géraud, coautrice avec le scénariste Marc Herpoux de son enquête sur Dino Scala, dit « le violeur de la Sambre », qui agressa près de quatre-vingts femmes dans le nord de la France entre 1988 et son arrestation, en 2018. Mise en scène Jean-Xavier de Lestrade. Grâce à la rigueur, Série française. On a préféré “La nuit du 12”, mais la série est acceptable. Il est dommage que comme dans beaucoup de séries françaises, ça cause beaucoup, ça sonne mal, dialogues plus écrits aidé par l’I.A que réels et que ça joue mal. Pas toujours mais souvent. Mais on conseille. Les purs lecteurs de Télérama ont adoré.

    les réalisateurs de The OA, série mythique, récidivent. Captivant.

    EXTRAIT TELERAMA

    Un meurtre au bout du monde”, sur Disney+ : une minisérie policière fascinante teintée d’éco-anxiété

    L’un des neuf convives d’un milliardaire est tué dans sa demeure islandaise. Les créateurs de “The OA” signent un minisérie ample et poétique, qui entremêle enquête policière, délires de l’IA et chaos du climat.

    Par  Caroline Veunac 

    Publié le 14 novembre 2023 à

    Deux temporalités s’entremêlent au cœur de la nouvelle série de Brit Marling et Zal Batmanglij, le duo créatif de The OA. Dans un avenir proche à l’horizon lugubre, un clone d’Elon Musk invite neuf gloires des arts, des sciences et de l’humanitaire à le rejoindre au fin fond de l’Islande, le temps d’une retraite visant à mettre en commun leur génie dans l’espoir de sauver le monde.

    BANDE ANNONCE

    Parmi eux, Darby, une vingtenaire qui vient de publier le récit de ses exploits de détective amatrice, pourfendeuse de féminicides. La lecture de son livre offre en parallèle un flash-back vers un passé pas si lointain, où cette fille de médecin légiste traquait un tueur en série avec son amoureux d’alors, Bill. Dans le luxueux resort high-tech où la jeune femme est accueillie, la mort suspecte d’un premier convive (qui ne sera pas la dernière) va remobiliser ses talents d’enquêtrice tout en ravivant la blessure de cet amour perdu.

    Un groupe prisonnier de la base secrète d’un savant fou, la pureté d’un « boy meets girl », la terreur mêlée de fascination face à la puissance de la technologie… Un meurtre au bout du monde (dont le titre original, A Murder at the End of the World, évoque à la fois les antipodes et la catastrophe écologique) rebat les motifs de The OA, sous une forme compacte, plus grand public. Sans doute l’annulation, à la fin de la saison 2, de leur première série, devenue culte mais restée confidentielle en raison même de sa grande singularité, a-t-elle dicté le choix prudent du format minisérie et du genre murder mystery, qui rendent cette nouvelle proposition moins radicale, et donc plus accessible.

    Un imaginaire très ouvert

    On peut s’amuser à relever toutes les autres œuvres que celle-ci nous évoque plus ou moins fortuitement, du Silence des agneaux à Glass Onion,de Shining à Devs et même Nine Perfect Strangers. Pourtant les codes et références placés là, comme autant de prises pour le spectateur sujet au vertige, n’empêchent pas de reconnaître la patte unique de Brit et Zal.

    Comme dans The OA, mais aussi The East, le film qu’ils ont réalisé ensemble, les compagnons d’écriture se saisissent de leur anxiété face au monde avec une énergie poétique. Des étendues glacées où délire un mégalo des algorithmes (campé avec une bouffonnerie un peu trop caricaturale par Clive Owen) à la poussière chaude de l’Ouest américain où sévit un tueur de femmes, capitalisme et patriarcat sont dans le viseur. Pourtant aucun reste de didactisme ne survit à l’imaginaire grand ouvert des deux scénaristes, qui laisse leurs visions offertes à l’interprétation et les questions sans réponse univoque. Comment protéger nos enfants ? Faut-il se déconnecter ? L’IA est-elle un danger ou une solution ? Si la série s’empare de ces sujets brûlants avec acuité, c’est sans se départir d’une grâce rêveuse, reliant chaque idée à sa pelote d’émotions versatiles, qui l’empêche de se figer dans le marbre.

    Cette fluidité circule aussi entre Bill et Darby, bouleversant binôme égalitaire et post-genre, où chacun porte sa part mouvante de masculin et de féminin. Emma Corrin, sosie génération Z de Jodie Foster, et l’acteur de Sans filtreHarris Dickinson (qui prouve que, oui, la coupe mulet, ça peut être sexy) offrent une parfaite enveloppe charnelle à la contemporanéité de ces deux justiciers magnifiques. Si la série place ses espoirs dans les femmes et la jeunesse, notamment à travers la relation d’une ancienne hackeuse jouée par Brit Marling et de son petit garçon, elle réinvente aussi le couple romantique pour en faire un autre antidote aux conspirations mortifères. Quitte à faire mentir sa propre BO, où Annie Lennox susurre No More I Love You’s…

    LES AUTRES

    *** THE BEAR

    Une merveille, cette série, une merveille

    Carmen « Carmy » Berzatto, un ancien chef de restaurant gastronomique hérite après la mort de son frère de sa sandwicherie. Il va tenter d’en faire un point incontournable de la ville de Chicago grâce à son équipe pleine de bonne volonté… mais quelques embûches vont tenter de lui semer le chemin.

    UNE SERIE QUI MERITE DE LONGS PASSAGES A LIRE CI-DESSOUS.

    EXTRAIT TELERAMA, SAISON 1 (2022)

    On croyait avoir soupé des fictions culinaires, déclinées à toutes les sauces depuis le carton de Top Chef et autres téléréalités. Diffusée cet été outre-Atlantique, The Bear, plongée étouffante, passionnante et attachante dans les coulisses d’une sandwicherie de Chicago, réveille nos papilles critiques. Mise en ligne sur Disney + le 5 octobre, cette comédie dramatique s’ouvre sur le retour au bercail de Carmen « Carmy » Berzatto (Jeremy Allen White), surnommé « The Bear », qui a quitté son poste dans un restaurant étoilé pour prendre les commandes du deli familial, après le suicide de son grand frère. Il va tenter, avec l’aide d’une nouvelle employée inexpérimentée mais ambitieuse (Ayo Edebiri), de rembourser les dettes et de redorer le blason de l’établissement.

    The Bear n’est, a priori, pas une série novatrice. C’est une histoire classique de lendemain de catastrophe et de reconstruction, un récit au bord du gouffre où les tensions existentielles jettent de l’huile sur le feu d’une situation matérielle désespérante. Le cauchemar en cuisine est bien réel devant les fourneaux du Original Beef of Chicagoland, dont on ne quitte quasiment jamais les cuisines : problèmes sanitaires, coupures de courant, impacts de balles dans la vitrine… Filmée caméra à l’épaule et au ras des casseroles, ce tourbillon dramatique quasi sans temps morts (bombardement de répliques cinglantes, de cris, de rires, de larmes…), fait penser au cinéma en apnée des frères Safdie (Good TimesUncut Gems). Les sandwichs et plats concoctés par Carmy font saliver, mais le chaos qui règne autour de lui assèche la gorge

    BANDE ANNONCE SAISON 1

    L’authenticité de The Bear, supervisée par le chef canadien Matty Matheson – qui, ironiquement, incarne l’homme à tout faire du restaurant –, n’éclipse pas le véritable enjeu humain de la série. Ses personnages principaux sont des passionnés, des bourreaux de travail à vif, pour qui la bonne cuisson d’une viande est d’autant plus une question de vie ou de mort qu’elle cache une situation tragique.

    Le réalisateur Christopher Storer (Ramy), dont c’est le premier scénario, semble avoir laissé ses acteurs improviser tant leurs interactions sont brutes, tendues, crispantes et drôles. Le succès de cette série coup de poêle repose donc aussi sur une troupe de comédiens méconnus, à l’exception d’Ebon Moss-Bachrach (Girls), parfait en gestionnaire intenable, et de Jeremy Allen White (Shameless), impressionnant de fragilité retenue. Huis clos cocotte-minute, The Bear finit par exploser dans un avant-dernier épisode d’une nervosité rarement atteinte sur le petit écran.

    EXTRAIT TELERAMA Saison 2

    Par Marjolaine Jarry, août 2023 à 06h30

    La première saison de The Bear, succès surprise de 2022, nous avait saisis tout crus sur le gril en nous plongeant au cœur de l’enfer frénétique d’une cuisine de restaurant. Cette suite déploie ses ailes, dans le même mouvement que le chef Carmen Berzatto (Jeremy Allen White), déterminé à monter un nouvel établissement, entouré de sa brigade. Une communauté de destins à laquelle la série nous attache, avec une rugosité et une sensibilité bouleversantes, au même titre que certaines grandes références avant elle, de Six Feet Under à Friday Night Lights. La recette, en trois étapes, d’une série qui a le goût des autres.

    Faire mijoter la névrose

    Quand on rembobine, rien d’étonnant à ce que la toute première scène de The Bear soit un cauchemar. Seul sur un pont, Carmen Berzatto s’approche d’une cage. Il ouvre la porte et délivre un ours qui s’avance, gueule ouverte. Dans la série de Christophe Storer, l’ursidé n’est autre que le surnom de Carmen lui-même, que ses proches appellent « the bear ». C’est aussi l’animal totem de sa famille et le nom du restaurant que voulait ouvrir Michael, son frère décédé, et que le cadet est bien décidé à faire exister. Affronter son héritage, regarder en face les terreurs de l’enfance, soigner ses blessures. Entrée, plat, dessert…https://www.youtube.com/embed/vI7TNW_CLn8

    On savait déjà, depuis la première saison, le deuil qui traversait Carmen comme un courant électrique depuis la mort brutale de Michael, la dépression (hyper) active qui était la sienne et ne trouvait sa résolution que dans le coup de feu de son quotidien de chef. Cette saison 2 éclaire brutalement le gouffre sous les pieds du héros, le temps d’un magistral épisode dans la tourmente d’une soirée de Noël, quelques années plus tôt, chez sa mère (Jamie Lee Curtis), explosive et tragique. Une virée cassavetienne au pays des souvenirs encapsulés par le traumatisme, une séquence de train fantôme qui s’arrête sur le regard vide du héros, impuissant devant la folie maternelle, et se referme par un ultime plan sur la pyramide de cannoli, traditionnel dessert sicilien préparé pour l’occasion.Lionel Boyce en pâtissier passionné dans « The Bear » saison 2. Photo Chuck Hodes/Disney+/FX Productions/Super Frog

    Loin de toute psychologisation appliquée (la série n’est jamais aussi bavarde que lorsqu’il s’agit de faire l’inventaire du matériel), les forces de l’inconscient se font entendre à l’état brut. Une seule métaphore parcourt The Bear : celle de la nourriture, si prompte à convoquer le kouglof familial et cet arrière-goût qui ne passe pas des enfances amochées. Mais la cuisine se fait aussi lieu de potentielle réinvention. Au sein de la famille que Carmen a recréée autour de lui, Marcus, l’un des membres de sa brigade, décide d’élaborer, pour le menu du restaurant, une version revisitée des cannoli et baptise son plat Michael, du nom du frère disparu.

    Oser l’amertume pour réveiller les papilles

    Si les ribs caramélisés de The Bear et leur risotto crémeux nous font baver devant l’écran, une autre saveur domine la série : l’amertume. La dépression de Carmen n’est pas une caractérisation du personnage parmi d’autres, elle imprègne son rapport au monde et conditionne le spectateur. On partage son angoisse, à bout de souffle tant l’endeuillé en tablier court toujours plus vite pour doubler l’effroi sur la ligne d’arrivée ; on se cogne fort à son hermétisme — « Je me sens pris au piège parce que je n’arrive pas à décrire ce que je ressens », confirme Carmen. Avec un réalisme exigeant, le créateur Christophe Storer — qui évoque, au détour de de plusieurs interviews, l’atmosphère chaotique de sa propre enfance — ose raconter le mal de vivre comme il est : rarement glamour et laissant peu de place à l’amour…

    À lire aussi :

    “The Bear”, épisode 7 : un sidérant plan-séquence de vingt minutes dans une cuisine en panique

    La réussite inédite de cette chronique heurtée ? Laisser passer la lumière sans escamoter l’âpreté. Avec une audace encore rare, la série saute la case du romantisme pour faire exister d’autres émois moins balisés. Une tendresse sans affèteries, parfois née au cœur du conflit ; une romance platonique et foncièrement émouvante entre Carmen et sa binôme Sydney ; le sentiment d’un bien commun supérieur, partagé par tous ceux qui s’activent pour faire vivre ce bout d’utopie. La famille bricolée (éclopés bienvenus) qu’abrite l’enseigne The Bear nous attache par la façon retorse et obstinée avec laquelle ses membres se témoignent leur amour.

    Réunir un casting aux petits oignons

    Ebon Moss-Bachrach et Olivia Colman en cuisine, dans « The Bear ». Photo Chuck Hodes/Disney+/FX Productions/Super Frog

    On l’a vu grandir au cœur d’une autre famille dysfonctionnelle, celle de la série Shameless. Avant d’être Carmen, Jeremy Allen White a été, pendant onze ans, l’un des débrouillards rejetons du clan Gallagher, et l’on ne peut s’empêcher de penser qu’il a trimbalé avec lui cette façon d’endosser la détermination plutôt que la séduction. Aux côtés d’Ayo Edebiri, venue du stand-up, qui incarne la sous-cheffe Sydney avec une simplicité aiguisée, ils sont les figures tutélaires d’une équipe dont les membres, incarnés, pour la plupart, par des comédiens peu connus, nous deviennent, au fil du temps, familiers. En contrepoint, l’épisode de Noël est un feu d’artifice (au potentiel explosif) qui nous projette dans une autre dimension, réunissant autour de la table, outre Jamie Lee Curtis, Sarah PaulsonBob Odenkirk, Will Poulter…

    Dans la cuisine de son restaurant, Carmen tient à ce que tout le monde s’appelle « chef », par souci d’horizontalité. Une éthique qui sous-tend jusqu’au casting de la série où chaque individualité est magnifiée, quelle que soit sa notoriété, où de nouveaux visages tiennent les premiers rôles tandis que des stars font des apparitions. Jusqu’à cette séquence inattendue où la patronne d’un restaurant, absorbée, à l’aube, par l’épluchage méticuleux de champignons, s’avère être Olivia Colman. La Queen en cuisine, pour célébrer la grandeur des petits gestes.

    PAS RECENTE, MAIS UN RETOUR. DOMMAGE PAS DE VOSFR

    EXTRAIT TELERAMA.Diffusée sur le câble en France dans les année 1990, la première série de David Crane et Marta Kauffman est un joyau brut de créativité, qui a fait basculer la télévision dans la modernité. Elle est entièrement disponible sur Paramount+.

    «Vous qui entrez ici, abandonnez toute niaiserie » : ce pourrait être l’inscription facétieuse au frontispice de Dream On, la première série de David Crane et Marta Kauffman, les créateurs de Friends. Car, avant de confiner le regretté Matthew Perry et Jennifer Aniston dans une crèche aux allures de loft Airbnb, ils écrivaient pour le câble (HBO), et c’était quand même plus pittoresque.

    Diffusée en France pour la première fois sur Canal Jimmy en 1992 (en VOST et sans rires préenregistrés, fait inédit à l’époque), Dream On est d’abord le projet fou de John Landis, réalisateur culte des années 1980 (Blues Brothers, Un prince à New York…), qui propose à la Universal de bricoler « je ne sais quoi » avec les archives du studio. Des séries d’anthologie en noir et blanc pour l’essentiel, tels La Quatrième Dimension ou General Electric Theater, où cachetonnaient alors de jeunes acteurs et de vieilles gloires du cinéma, aussi hétéroclites que Joan Fontaine, Bette Davis, James Mason et même John Cassavetes !

    Effacemment de la frontière du réel

    Crane et Kauffman ont alors une idée de génie, certes pas nouvelle, mais révolutionnaire pour une série : illustrer les pensées du personnage principal au moyen de séquences tirées de ces collections. Dès la première scène, Peter Lorre (M le MauditCasablanca), flanqué d’un troisième œil derrière le crâne, fait hurler de frayeur une demoiselle dans Young Couples Only, un épisode de Twilight Zone. Martin Tupper, le héros de la série, se réveille en sursaut, c’était un rêve. Quelques plans plus tard, c’est Joan Crawford qui déclame son amour à… Ronald Reagan : Martin Tupper regrette sa séparation.

    Sur les murs du lieu de travail de Tupper, des affiches (en français !) du Mépris, de Godard. Le ton est donné : voilà une série résolument cinéphile, qui crie son amour de la pulsion scopique. C’est surtout le premier mouvement véritablement post-moderne de la télévision : une mise en abyme romanesque (la petite lucarne passe son temps à se recycler), l’effacement de la frontière avec le réel, les personnages rencontrant les acteurs jouant leur rôle, bref, une écriture sérielle qui se déniaise et opère sa mue, achevée peu de temps après avec The Wire notamment ou The Officeplus tard.

    Grand bain existentiel puéril et psychanalytique

    Mais de quoi ça parle, au juste ? Paramount+ (pour une raison mystérieuse) n’ayant pas jugé bon de proposer le pilote (ou pas pu ?), voici le pitch, aussi fin que du papier à cigarettes : Martin Tupper, quadragénaire new-yorkais salarié d’une maison d’édition de romans à l’eau de rose (parfois « olé-olé »), papillonne depuis que son ex-épouse s’est remariée avec le Dr Richard Stone, un homme écrasant de classe et de perfection (qui sera décrit par une scène hilarante des Évangiles).

    Autour de lui gravitent un nombre de conquêtes ahurissant mais surtout, son ex-femme, Judith, talentueuse psychologue pleine de hauteur, avec qui il conserve une belle relation, son meilleur amin Eddie Charles (joué par deux acteurs différents !), présentateur de talk-show (et chaud lapin lui-même), son ado de fils sacrément mature, une secrétaire irascible qui refuse d’exécuter la moindre tâche − ou alors contre des bakchichs − , un ignoble yuppie en guise de patron (Michael McKean, le blond peroxydé de Spinal Tapet grand frère intraitable de Bob Odenkirk dans Better Call Saul, ici au sommet de sa forme). Tout ça dans une sorte de grand bain existentiel puéril et psychanalytique sur l’amour, le sexe et la recherche impossible du bonheur.

    Séquences hallucinantes

    Le tout en se permettant souvent de folles embardées (pour l’époque), notamment lorsque le père et le fils partagent un joint ou parlent cunnilingus, et des expérimentations scénaristiques hallucinantes : on se souvient encore de ce segment inaugurant la saison 2, où David Bowie himself adapte et dirige la vie de Judith, avec Tom Berenger (!) dans le rôle de son nouvel amant, un anonyme pour jouer Tupper (portraituré en loser), Ricardo Montalbán (le directeur en costume blanc de L’Île fantastique) et surtout Sylvester Stallone dans son propre rôle qui avoue n’avoir qu’un seul regret : celui de ne pas avoir interprété Richard Stone, le nouveau mari parfait de Judith ! L’épisode (réalisé par Landis lui-même) est si génial que même le journal Libération lui avait consacré un article entier en 1995.

    Reste que la série prend sûrement trop de libertés. Ainsi, cette obsession de montrer chacune des maîtresses de Tupper dans leur plus simple appareil ressemble à de la grivoiserie forcée, systématique, plus male gaze tu meurs. Une certaine égalité de façade est à l’œuvre : lorsque des actrices apparaissent en soutien-gorge, le comédien qui les côtoie est affublé d’un simple porte-jarretelles ; si Tupper fantasme une enseignante topless, elle ne manquera pas de l’imaginer à poil aussi (l’occasion de voir les fesse – assez plate – de Brian Benben), etc.

    Une douceur poétique

    Contrairement à Friends, justement accusé de grossophobie ou d’homophobie, la série était paradoxalement assez en avance sur quelques idées progressistes. Par exemple lorsque Tupper pense chaperonner sa sœur, sorte de correspondante et interprète de guerre, on aura vite fait de le ridiculiser, lui, petit éditeur pusillanime. Ou avec l’épisode 6 de la saison 1, entièrement consacré à montrer la monstruosité du masculinisme et de l’idéalisation des femmes en idoles maternantes.

    De cette façon, le sexisme un peu vieilli a davantage quelque chose de ringard et candide. Quant au rythme, il est parfois un peu indolent, manquant de causticité. Reste que cette bonhomie a quelque chose de la douceur poétique et ne doit pas faire complètement oublier que le reste du temps, c’est à mourir de rire.

    Une petite anecdote pour finir : si vous avez toutes et tous en tête le logo de HBO (celui avec de la neige sur un écran de télévision), c’est à Dream On que vous le devez. C’est le motif du générique de la série, une des premières de la célèbre chaîne câblée. Étonnant, non ?

    Dream On, sitcom créée par Marta Kauffman et David Crane (États-Unis, 119 × 22mn, 1990-1996). Avec Brian Benben, Larry Miller, Wendie Malick. Sur Paramount+.

    Quand le monde tel que vous le connaissiez n’existe plus, quand la ligne entre le bien et le mal devient floue, quand la mort se manifeste au quotidien, jusqu’où iriez-vous pour survivre ? Pour Joel, la survie est une préoccupation quotidienne qu’il gère à sa manière. Mais quand son chemin croise celui d’Ellie, leur voyage à travers ce qui reste des États-Unis va mettre à rude épreuve leur humanité et leur volonté de survivre.

    L’adaptation du jeu vidéo The Last Of Us en série.

    Les tensions éclatent dans le huis clos d’une salle d’interrogatoire et le voile se lève sur diverses affaires.

    La série s’articule sur douze épisodes divisés et situés dans quatre pays distincts :

    La France, la Grande-Bretagne, l’Allemagne et l’Espagne se sont réunis pour Criminal, une série en douze épisodes d’enquêtes distinctes. Trois affaires par pays et trois tours d’interrogatoires en huis clos sont menés par des détectives spécialisés. Le design du titre de Criminal (les lettres i coïncidant avec les contours d’une vitre sans tain) 

    La meilleure est celle située en Grande-Bretagne.

    L’histoire fièvreuse et tragique du couple de deux géants de la country, immenses stars aux États-Unis, rendue avec brio en six épisodes. Où Jessica Chastain et Michael Shannon, admirables

    Bande annonce par lien

    https://youtu.be/DjrEeuQ5838

     En vacances au Mexique pour fêter leurs dix ans de mariage, Emma et Noah trouvent un vieux téléphone qui les précipite dans une aventure rocambolesque. Une comédie fantastique et mélancolique sur la quête du premier regard, parfaite série de l’été.

    Avec Benicio del Toro

    NETFLIX. Critique T : “Un inspecteur enquête sur la mort d’une femme, pour laquelle tout le voisinage semble suspect. L’acteur, co-crédité au scénario, règne en maître dans ce drôle de film néo-noir qui lorgne sur David Fincher

    Benicio del Toro bidouille sa boucle d’oreille. Elle est là, puis, sur le plan d’après, disparaît. Son personnage l’enlève et la remet, mais pourquoi ? L’inspecteur Tom Nichols est un flic ultra vertueux. Ultra corpo, aussi : dans son commissariat précédent, il a très certainement couvert un collègue corrompu. Pour l’honneur.

    Ce personnage éclipse tous les autres, à commencer par celui de Justin Timberlake, un agent immobilier fané. Sa compagne est assassinée, il devient le premier suspect. Viennent ensuite l’ex-mari pas encore divorcé et le voisin bizarre (le revenant Michael Pitt, qui d’autre ?). La moitié du quartier, donc. Heureusement, Tom Nichols s’empare de l’enquête… Et flashe sur le robinet de l’un de ses suspects. Jusqu’à se procurer le même – un superbe modèle à détection de mouvements.

    Del Toro (co-crédité au scénario) excelle dans ce rôle de flic hard boiled classique et revenu de tout, mais qui ne résiste pas à un bon mot lâché dans un demi-sourire, ou danse avec son épouse le week-end. Reptile, sorte de néo-noir qui fait plutôt dans le gris, est bâti sur ce genre de contrastes. Pour son premier long métrage de fiction, Grant Singer – rien à voir avec le Bryan de Usual Suspects – livre un film à l’ancienne, tendance 90’s, gentiment « fincherien », où les indices sont partout pour qui veut bien regarder. Sa réalisation est fluide, ample, parfois trop démonstrative.

    Ainsi, la résolution de l’enquête est à la fois plus que prévisible dans le texte, mais tout à fait satisfaisante dans la mise en scène, comme la façon dont elle réveille le film et ses personnages – et le spectateur qui, bien que diplômé d’aucune académie de police, a déjà mis la main sur le coupable. C’est une histoire de frisbee et de coups de feu ; côté boucle d’oreille, contrairement à bon nombre de détails, c’était bien une fausse piste.

    TINY BEAUTIFUL THINGS

    Sugar (Kathryn Hahn), autrice dans l’impasse, est projetée à la tête d’une rubrique de courrier des lecteurs. Créée par Liz Tigelaar d’après une histoire vraie, une minisérie aigre douce où les coups durs tirent vers le haut.

    D’après la collection d’essais à succès de Cheryl Strayed, « Tiny Beautiful Things » raconte l’histoire d’une femme dont le mariage est au bord du gouffre, à qui sa fille adresse à peine la parole et dont la carrière d’écrivaine est au point mort. Du coup, quand un ami lui propose de reprendre une rubrique de conseils, elle pense être la personne la moins indiquée pour le poste.. . alors qu’elle pourrait se révéler parfaitement qualifiée.

    FUNNY WOMAN

    Extrait TELERAMA

    Barbara Parker (Gemma Arterton) devrait se contenter d’être jeune, jolie et la nouvelle miss Blackpool. C’est en tout cas la conviction du reporter qui se concentre davantage sur son décolleté que sur ce qu’elle a à dire. Alors sous le regard sidéré de ses concurrentes, elle rend sa nouvelle couronne comme on rend son tablier. Et fuit une existence provinciale, un fiancé insistant et un père aimant pour découvrir le Londres des Swinging Sixties. Rien n’y sera simple pour la jeune femme, mais sa culture de la comédie et son tempérament burlesque finiront par lui ouvrir les portes du show-business.

    Adaptée de Funny Girl, le roman de Nick Hornby, paru en 2014, la série est fidèle à la plume caustique, joyeuse et bienveillante d’un romancier qui, livre après livre, prend des nouvelles de la société britannique autant qu’il en donne. Dans Funny Woman (Prix du jury étudiant au dernier festival Séries Mania), la gaieté et la profondeur se côtoient d’emblée sans jamais s’oblitérer grâce au talent de Morvenna Banks, sa créatrice. Au rythme d’une BO irrésistible, l’aventure émancipatrice de Barbara, qui refuse crânement d’être prisonnière de ce que les autres projettent sur sa plastique, est servie par la réalisation enlevée et ultra pop d’Oliver Parker. Si l’ensemble du casting s’en donne à cœur joie, Gemma Arterton, qui s’adonne à un festival de facéties et de mimiques, l’emporte en affirmant que l’humour est la solution à tout dans la vie. Réjouissant !

    I’M A VIRGO

    sur Prime Video, une série où l’étrange ne connaît pas de frontières;

    L’histoire d’un géant

    On donne toute la critique bien écrite de “Cineman”

    Critique de «I'm a Virgo» sur Prime Video, une série où l’étrange ne connaît pas de frontières

    © Amazon Prime Video

    Voilà longtemps que l’on n’a pas vu une série aussi originale. Réalisée par Boots Riley, «I’m a Virgo» met en scène un ado de 4 mètres de haut à Oakland. L’occasion d’aborder des questions raciales et d’égratigner le capitalisme.

    (Un article de Maria Engler, traduit de l’allemand)

    Cootie (interprété par Jharrel Jerome, croisé notamment dans «Moonlight» ou «When «They See Us»), mesure près de quatre mètres. Élevé par sa tante Lafrancine (Carmen Ejogo) férue d’astrologie, et après une enfance sans aucun contact avec le monde extérieur, le jeune homme de 19 ans découvre enfin la vie sous toutes ses facettes : l’amour, l’amitié, la peur, la haine et l’injustice. Débarquée le 23 juin sur Amazon Prime Video, la création du rappeur et activiste Boots Riley (qui passait derrière la caméra pour la première fois en 2018 avec «Sorry to Bother You») est une œuvre à la saveur singulière, unique, original et qui fourmille d’idées. À la télévision, ces œuvres sont rares, alors voici cinq bonnes raisons de se plonger dans «I’m a Virgo».

    1 – Cohérent dans sa propre vision

    Critique de «I'm a Virgo» sur Prime Video, une série où l’étrange ne connaît pas de frontières

    Là où d’autres productions se seraient lâchement reposées sur leur idée de départ, aussi saugrenue soit-elle, «I’m a Virgo», au contraire, en décante tout le potentiel. En effet, la série va encore plus loin que l’amusante et fantastique idée de placer un protagoniste de 4 mètres de haut au centre de l’intrigue.

    Cootie n’est pas seulement grand. Il est aussi un adolescent maladroit biberonné à la télévision et fondu de comics. Si énorme, qu’il avait, jadis, fait s’écrouler la maison de ses parents. Ses vêtements sont faits sur-mesure, et il utilise les voitures en guise d’haltères. Oui, mais derrière sa démesure se cache un être sensible. Boots Riley, et son attention pour le détail, donne à cette vie gigantesque une authenticité particulière et les défis qu’il se lance, à lui-même et à son entourage, prennent sensiblement plus de poids. Alors qu’il s’apprête à sortir de son cocon, une question se pose : comment la société réagira-t-elle face à Cootie ?

    2 – Un monde inattendu

    Critique de «I'm a Virgo» sur Prime Video, une série où l’étrange ne connaît pas de frontières

    Un géant cloîtré dans un monde miniature. Sous ses airs de conte, la fantaisie de la série ne s’arrête pas à la taille de son personnage. Le monde dans lequel évolue Cootie semble tout droit sorti de ces bandes dessinées qu’il chérit tant. Au travers des écrans de télévision qui scintillent et les brèves incartades des réseaux sociaux, les créateurs sèment des indices qu’il nous faudra récolter au fur et à mesure. Notons, par exemple, un super-héros volant (Walton Goggins, croisé récemment dans «The Righteous Gemstones») qui opère aux côtés des forces de l’ordre pour réprimer la population africaine-américaine du quartier. Ou encore, la jeune Flora (Olivia Washington, «The Butler»), dotée de quelques étranges pouvoirs, tandis que ses parents semblent travailler sur un complot impliquant des armes à feu futuristes.

    3 – Un conte ancré dans le réel

    Critique de «I'm a Virgo» sur Prime Video, une série où l’étrange ne connaît pas de frontières

    Aussi éloignées puissent-elles paraître, les réalités d’«I’m a Virgo» et celles d’Oakland ont pourtant bien des points communs. L’inventivité de la création de Boots Riley ne fait d’ailleurs que mettre en lumière les problématiques que ces deux mondes partagent. Lorsqu’un super-héros combat bras dessus, bras dessous avec les autorités, les événements s’interprètent à leur avantage, l’image de l’ennemi est violemment erronée et ce sont les minorités qui trinquent. Rappeur et activiste, Boots Riley est un virtuose, nous le savions. «I’m a Virgo» parle avec ingéniosité, et véracité, des luttes des personnes de couleurs aux États-Unis, de la pauvreté, de l’injustice et propose en outre une satire du capitalisme aussi étonnante que cinglante. La chose est pour le moins surprenante dans le cadre d’une production signée Amazon Prime.

    4. Une merveille visuelle

    Critique de «I'm a Virgo» sur Prime Video, une série où l’étrange ne connaît pas de frontières

    Visuellement, «I’m a Virgo» convainc de bout en bout. Les effets sont irréprochables, les scènes stupéfiantes. Elles auront parfois cette agréable sensation d’étrange, surtout lorsque Cootie interagit avec des personnes de taille normale ou lorsqu’il se trouve à l’intérieur où l’étroitesse est insupportable. L’illusion de ce géant fonctionne à merveille. «I’m a Virgo» ne cesse de produire des moments de ravissement visuel. Les nombreux décors, meubles et autres bibelots, construits par le réalisateur lui-même, sont particulièrement réussis et maintiennent une forme d’artisanat dans une mise en scène qui ne s’épuise jamais.

    5 – La jungle médiatique

    Critique de «I'm a Virgo» sur Prime Video, une série où l’étrange ne connaît pas de frontières

    «I’m a Virgo»© Amazon Prime Video

    Si l’authenticité d’«I’m a Virgo» étonne, c’est aussi dans sa capacité à dépeindre les médias qui peuplent le monde du protagoniste. Notons les publicités pour hamburgers étrangement sexualisées, des chambres d’hôpital pavées d’affiches, de slogans, des myriades de vidéos sur Internet et ces émissions matinales qui pullulent.

    Une jungle médiatique qui semble tout droit sortie de chez nous, et il faudra aussi relever la série «Parking Ticket», que visionnent régulièrement les personnages et dont les produits dérivés apparaissent à peu près partout. Ces dessins animés proposent des personnages extrêmement singuliers, ainsi que des commentaires pointus sur la société et des débordements philosophiques qui, à leur tour, résonnent dans l’intrigue d’«I’m a Virgo».

    Les 7 épisodes de «I’m a Virgo» sont à découvrir sur Amazon Prime Video depuis le 21 juin.

    The Six, un groupe de Pittsburgh mené par le beau Billy Dunne (Sam Claflin), débarque à Los Angeles, où sa rencontre avec une chanteuse et parolière surdouée, Daisy Jones (Riley Keough), va propulser son ascension tout en déchaînant les passions. Imprégné d’une nostalgie communicative pour la Californie de troubadours mythiques, ce drama rétro au casting splendide, tourné in situ et raconté à la première personne sur le mode du faux documentaire, recrée avec force détails la sensation de liberté d’une époque révolue. La grande réussite de la série tient à ses chansons originales : dans les grisantes scènes de concert et de studio, Sam Claflin et Riley Keough forment un duo incandescent, donnant corps à ce moment magique où l’alchimie créative l’emporte sur les enjeux de pouvoir.

    Une comédie burlesque récompensée du Grand Prix de la série au Festival TV de Luchon 2023. Le truculent récit de ce qu’il advient lorsque des gens bien, s’estimant injustement lésés par le système, décident de petits arrangements avec la légalité.

    Après “La Trêve”, sur Netflix, les réalisateurs et scénaristes belges Benjamin D’Aoust, Matthieu Donck et Stéphane Bergmans créent un polar ponctué d’effets comiques déconcertants.

    Par  Cécile Marchand Ménard 

    Dans la nuit noire, une voiture en flammes illumine une route en lacets, nichée dans la forêt ardennaise. Tom Leroy, policier d’un commissariat situé non loin de la frontière franco-belge, assiste à la scène, sonné. Parmi les sapins se déroule ainsi le crime originel de la nouvelle série du trio belge Benjamin d’Aoust, Matthieu Donck et Stéphane BergmansDes gens bien, disponible sur arte.tv et diffusée jeudi 13 avril sur Arte. Un décor naturel, déjà théâtre de deux enquêtes menées par Yoann Peeters, l’agent de la police d’Heiderfeld et héros de La Trêve, précédente série imaginée par les trois acolytes. Des Ardennes mystérieuses, pouvant passer en un instant de la lumière enveloppante à l’ombre menaçante, que le trio érige au fil de ses projets en véritable far west belge.

    Mais si les trois hommes d’orchestre continuent, avec Des gens bien, à cultiver cette atmosphère inquiétante, le registre dans lequel ils opèrent a subitement glissé du belge noir à la tragicomédie. Dans ce polar burlesque à l’humour déconcertant, Tom et Linda Leroy, un couple criblé de dettes, tente de s’en sortir en échafaudant une arnaque à l’assurance. Une magouille de truands amateurs qui vire forcément à la catastrophe. 

    Cette seconde fiction se révèle ainsi un mélange truculent et équilibré d’humour noir et de tension acérée, volontiers inspiré par le cinéma des frères Coen« Ce qui fait qu’un film comme Fargo fonctionne c’est qu’il s’appuie sur une base dramatique très grave, servie par une direction artistique excellente, avant de nous surprendre avec de la comédie, explique Matthieu Donck. De même, dans notre cas, la consigne de départ, humour ou non, était de faire les choses très sérieusement. » Dans Des gens bien,comme dans La Trêve, une mise en scène soignée, des séquences entrecoupées de vues aériennes sur les Ardennes insondables, participent à poser les fondations d’un thriller des plus minutieux. Bérangère McNeese et Lucas Meister campent quant à eux avec justesse le couple pathétique aux abois, empêtré dans une situation abracadabrantesque, aux côtés de figures résolument burlesques (François Damiens, Corinne Masiero…) qui insufflent du rire dans le drame.

    Un duo touchant dépassé par les événements, deux protagonistes « normaux »à l’image des héros ordinaires qui semblent fasciner Donck, Bergmans et D’Aoust. Le couple modeste, incapable de rembourser ses emprunts, succède ainsi au village secoué par le meurtre d’un jeune footballeur d’origine togolaise dans la première saison de La Trêve… « Nous aimons nous intéresser à des protagonistes qui peuvent éclairer le monde dans lequel nous vivons. Les personnages qui n’ont jamais accès à la parole nous touchent », explique Benjamin D’Aoust. Qu’importe le registre, en basant ses intrigues dans de petites communautés rurales, le trio continue de sonder la société contemporaine et la pensée humaine.

    Ses deux héros, Elaine (Brittany O’Grady) et Craig (Nat Wolff), sont les employés d’une start-up californienne de jeux vidéo dont le quotidien est bouleversé par l’arrivée de Regus Patoff (Christoph Waltz, génial et survolté), consultant excentrique prêt à tout pour redresser les finances de la boîte. Quitte à faire vivre un enfer à ses salariés… Elaine et Craig mènent l’enquête sur leur nouveau patron. Après Servant, Tony Basgallop imagine une nouvelle série satirique aux frontières du fantastique, sur fond d’open space et de gestion d’entreprise

    THE HORROR OF DOLORES ROACH

    Quand elle sort de prison, Dolores ne reconnaît plus sa ville. Et son amant, pour qui elle a pris seize ans, s’est enfui avec ses économies. Mais jusqu’où la mèneront ses désillusions ? Inclassable, la série oscille constamment entre comédie noire et conte horrifique. Tendue comme un bon thriller, elle nous maintient dans une apnée délicieusement insupportable. Mais, au-delà du simple divertissement efficace, ce que l’on retient, c’est un puissant et inattendu portrait de femme

    ** THE DURELLS : A VOIR VITE

    En 1935, une famille britannique au bord de la crise de nerfs et fauchée s’installe sur l’île de Corfou pour changer de vie. Louisa et ses quatre enfants vont devoir s’adapter à l’atmosphère méditerranéenne. Série feel good, The Durrells, une famille anglaise à Corfou, nous plonge dans une aventure familiale mouvementée.

    Vite, vite, c’est sur Arte et l’on ne sait combien de temps va rester cette série (4 saisons) si fraiche, si fraiche, qui nous change des Kalachnikoff et autres sérial killers, sérial gnangans, serial conneries sur les plateformes. Le lien par un clic sur l’image ou ICI.

    Arte TV. Les saisons 7 et 8 de cette anthologie anglaise à l’humour très noir débarquent en France. Douze épisodes bourrés d’idées, entre vertige littéraire, traumatisme d’enfance et jeu télé explosif.

    C’est le propre des anthologies que d’être inégales. Chacun de leurs épisodes étant une histoire à part entière, dans un nouveau décor, souvent sur une tonalité différente, difficile de tenir le niveau – même si c’est aussi pour ce renouvellement permanent qu’on les aime. Le mastodonte Black Mirror, dépassé par les révolutions technologiques, n’est plus le coup de poing au plexus qu’il fut jadis. Il est donc temps de découvrir sa cousine, Inside no 9. Lancé en 2014 par la BBC, cet autre bijou britannique met en scène les déboires de personnages confrontés à des événements a priori anodins, mais qui prennent une tournure tragique. Des historiettes qui n’ont que deux points communs : elles se déroulent toujours au numéro 9, en huis clos dans une maison, une salle de classe, un pédalo, etc., et sont incarnées par les deux créateurs de la série, Reece Shearsmith et Steve Pemberton.

    Arte.tv, après avoir importé chez nous cet objet sériel culte outre-Manche, met en ligne vendredi 7 juillet ses deux dernières saisons en date, les septième et huitième (on regrette d’ailleurs que les précédentes ne soient plus disponibles). On y croise, dans le désordre, un instituteur qui débarque dans une école de campagne, des preneurs d’otage dépassés par les événements, un romancier impitoyable avec ses personnages, un paraskevidékatriaphobe (on vous laisse vérifier le sens de ce mot à rallonge) ou encore une célibataire qui s’inscrit sur un site de rencontre en ligne… Chaque histoire commence en douceur avant de progressivement déraper, pour finir en queue de poisson. En matière de twist final, Inside no 9 n’a rien à envier à Black Mirror ou à M. Night Shyamalan, l’auteur du Sixième Sens. À une exception près, impossible de découvrir le pot aux roses de ces douze nouveaux épisodes.

    Mais la principale qualité de la série est ailleurs, dans le plaisir visible que Shearsmith et Pemberton prennent des deux côtés de la caméra. Les deux compères, grimés comme des gosses un jour de carnaval, pervertissent joyeusement les codes d’une foule de genres différents. Polar, horreur, comédie de potes et même jeu télé passent à la moulinette d’un humour noir de noir relevé ici ou là par un délicieux mauvais goût. Leur objectif est moins d’alerter comme Black Mirror sur l’état du monde – il est tout juste question d’écologie – que de jouer avec nos peurs et nos névroses. Certaines histoires attendent jusqu’à leurs ultimes secondes pour prendre sens, mais la plupart restent des pièces ludiques de bout en bout. Les meilleures parviennent, en l’espace de trente minutes, à paraître banales, puis improbables, grotesques, malaisantes, émouvantes et, in fine, glaçantes.

    Si vous découvrez Inside no 9 avec ces saisons 7 et 8, commencez par l’ironique Paraskevidékatriaphobie (saison 8), puis passez au plus inquiétant M. Leroy (saison 7) et au mélancolique Ohé Ohé (saison 7) pour finir avec l’improbable 3 par 3 (saison 8). Quoi qu’il en soit, préférez picorer plutot que binger. La noirceur de la série finirait par déteindre sur vous. Consommés avec modération, ces nouveaux épisodes confirment qu’Inside n9gagnerait à être mieux connue en France.

    Un message étrange pousse David Rousseau, un romancier spécialisé dans le polar mais en proie au syndrome de la page blanche, à se rendre à Mouthe. A peine est-il arrivé sur place qu’un meurtre est commis. L’écrivain pense tenir là de quoi s’attaquer enfin à un nouveau livre et entame une enquête qui gêne les investigations menées par l’adjudant Louvetot. Par ailleurs, Rousseau tente d’en apprendre davantage sur ses origines. Les références ne manquent pas dans cette mini-série à la frontière entre thriller et comédie, emmenée par un duo atypique.

    (ARTE TV) Critique Télérama : Douze ans après son film Poupoupidou, Gérald Hustache-Mathieu réinvente sacomédie policière loufoque et émouvante. Il développe son univers enneigé, riche en références cinématographiques — une bonne dose de frères Coen, une louche de David Lynch et une pincée de Jacques Tati, le tout assaisonné de polar nordique. Polar Park trouve malgré tout son propre souffle grâce à une intrigue efficace et des personnages drôlement mélancoliques. Jean-Paul Rouve, lunaire mais grave, et Guillaume Gouix, psychorigide mais sensible, forment un duo savoureux. La délicatesse des dialogues et la fantaisie des situations finissent de faire de Polar Park un bel exemple de polar télé capable de sortir des clous.

    Arte TV

    sur les traces d’un tueur de femmes suédois; À partir d’une série de féminicides perpétrés à partir de 1989 dans la Suède rurale, documentée dans un livre-enquête, la scénariste Helene Lindholm imagine un polar haletant, précis mais jamais sensationnaliste.

    En six épisodes, les co-scénaristes de « The Hunt for a Killer », parviennent à retranscrire l’atmosphère qui pesait à l’époque des crimes. Yellow Bird – SVT – Film i Skane

    EXTRAIT TELERAMA (qu’on le veuille ou nonle meilleur magazine culturel)

    La traque aura duré quinze ans. En mars 1989, alors que les jours rallongent à nouveau dans la petite ville de Hörby, au sud de la Suède, Helén Nilsson, 10 ans, sortie rejoindre des amies, disparaît. Une semaine plus tard, son corps sans vie est retrouvé au cœur d’une forêt voisine. Mais ce n’est qu’en 2004 que la police suédoise, grâce aux avancées de la science et de l’identification par l’ADN, retrouve enfin son assassin. À l’issue d’une enquête complexe qui a ébranlé le pays et que le journaliste Tobias Barkman retrace en partie dans son ouvrage Jakten på en mördare (« La Traque du tueur »).

    Une matière qu’Helene Lindholm, figure du nordic noir en Suède, décline en fiction dans The Hunt for a Killer,  Au fil des six épisodes d’une minisérie haletante, cette dernière retrace avec une approche précise, parfois crue mais jamais sensationnaliste, l’enquête fastidieuse menée par l’inspecteur Per-Åke Åkesson et ses équipes. Dans les années qui suivent le meurtre d’Helén, plusieurs femmes sont assassinées, dont une prostituée aux abords de Malmö. Et toujours – comme le suggèrent de constants et troublants allers-retours dans le temps – l’ombre du meurtre originel non élucidé plane.

    Avec sobriété, ce true crime parvient à retranscrire l’atmosphère qui pesait alors. Les coscénaristes Helene Lindholm et Lotta Erikson s’attardent notamment sur les nombreux désaccords au sein de la police suédoise, sans doute à l’origine de la lenteur de l’enquête. Et si elles ne font qu’effleurer le contexte social de ces affaires – à une époque où le concept de « féminicide » n’est pas encore théorisé –, on comprend que les meurtres de ces femmes surviennent dans une province rurale et une société où le patriarcat demeure profondément ancré.

     De “Better Caul Saul” à “Lucky Hank”, Bob Odenkirk, acteur équilibriste

    TELERAMA ARTICLE COMPLET.

    Le premier épisode de la nouvelle saison de Succession arrive en France, ce 27 mars, sur Prime Video (avec le Pass Warner). Nous revoilà plongés au sein de cette famille devenue un peu la nôtre au fil des dernières années. Cette quatrième saison – qui sera aussi la dernière, a annoncé son créateur, Jesse Armstrong – s’ouvre, à nouveau, sur l’anniversaire de l’increvable mogul Logan Roy (Brian Cox). Lors du tout premier épisode de la série, celui-ci profitait de la fête pour annoncer qu’il n’avait finalement pas l’intention de quitter son poste de pdg de Waystar Royco et de laisser sa place à son aîné. Cette fois, même cérémonie cotonneuse-fastueuse, même mine exaspérée du patriarche au moment de la chanson d’anniversaire. Mais, cette fois, il manque des invités à la surprise-party. Comme le lance cousin Greg (Nicholas Braun), génial géant de la gaffe qui appuie là où ça fait mal : « Où sont les enfants ? » Logan Roy ne voit pas de qui il veut parler. Lui, les appelle « les rats » (ou comment plier une bonne fois pour toutes le débat sur l’éducation positive). 

      Brian Cox, impitoyable Logan Roy dans “Succession” et roi du contre-emploi

    Le trio a fait sécession, s’extrayant enfin (pour l’instant tout du moins) du jeu de massacre de l’éternelle rivalité fraternelle. Pour la première fois, Kendall (Jeremy Strong), Roman (Kieran Culkin) et Shiv (Sarah Snook) se sont unis – le coup d’État avait été lancé en fin de saison 3. Leur idéal collectif ? Le parricide. Pour ce faire, ils tentent de monter un site d’information « un putaclic pour intellos », résume Roman. Leur premier objectif de bataille consiste à surenchérir sur l’offre de leur père, à nouveau sur les rangs pour racheter la société de médias de la très wasp Nan Pierce (hiératique Cherry Jones). Cette dernière trouve décidément « abominable » de faire ainsi grimper les enchères mais sacrifie à l’exercice avec une perversité de violette qui vaut bien la fureur de Logan Roy. Lequel, apprenant la combine, hurle à son gendre Tom (Matthew Macfadyen, plus insaisissable que jamais d’énergie contrariée), désormais dans son camp : « Appelle ta connasse de femme. » Ambiance.

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    Sans rien spoiler, on notera que la haine reste le motif d’union le plus fédérateur au sein de Succession. L’ombre du fascisme plane toujours – l’élection approche, « façon 1933 », rappelle Shiv. Le langage est toujours plus fleuri qu’un tableau de Monet – il est notamment question des « mamelles-omelettes » de Logan Roy que « suçoterait » sa nouvelle jeune compagne – et les répliques plus meurtrières qu’un tir de sniper : « Marcia ? Elle est partie faire du shopping à Milan… à vie », enterre ladite remplaçante. Le bunker familial est aussi bourré à craquer de souffrances que traversé de fébriles moments de loufoquerie – cousin Greg a fait un graveleux « faux pas » (en français dans le texte) avec sa nouvelle petite amie lors de la réception. Celle-ci en paiera les conséquences, l’énamouré renonçant à la défendre (« Je ne veux pas savoir ce qui se passe à Guantánamo ») quand le garde du corps lui apprend qu’elle va devoir partir après vérification de son téléphone portable. Il faut dire qu’elle a osé (avant l’épisode du faux pas en chambre) brandir l’objet sous le nez du magnat Logan pour un selfie…

    Capable de tous les décrochages, ce premier épisode réserve aussi un intense moment d’intimité désespéré entre Shiv et Tom. Une scène à l’os, presque atone, à mille lieues des concours d’éloquence auxquels nous a habitués la série.

    Il pleut, alors on lance Netflix. Et sur Netflix, à la deuxième place du top 10, il y a Bodies : huit heures plus tard, on est toujours devant Netflix. On n’est pas en sucre, certes, mais le redoutable scénario de cette minisérie londonienne nous a terrassé. Impossible de l’abandonner en cours de route, sans avoir résolu l’un des dix-sept mystères de ce thriller SF adapté du roman graphique de Si Spencer. Les premières réponses n’arrivent que dans l’épisode 5, et, fait rare sur la plateforme, trois épisodes plus tard, la série… se conclut. Aucun dernier doute ou appel d’air ne laisse présager une suite éventuelle en fonction de son succès.

    Bodies est calibrée pour briller en one shot. Il n’y a, en fait, qu’un seul body. Enfin, plusieurs fois celui de la même victime, à quatre époques différentes. Un corps découvert dans une ruelle de Whitechapel, « nu comme le jour où il est né » comme disent les Anglais. Et éborgné. Ça fait beaucoup, là, non ? C’est exactement ce que pensent les policiers de la série, chacun de son côté (1890, cliché victorien en toc ; 1941 sous le Blitz, plutôt réussi ; juillet 2023, totale zone de confort ; 2053, ambitieux mais parcimonieux) : c’est louche. Tous les quatre se disputent alors avec leur hiérarchie, qui préférerait étouffer l’affaire. On vous laisse imaginer la tête de la détective de 2023 (Amaka Okafor, excellente) lorsqu’elle découvre dans les archives de la police que le cadavre a déjà été enregistré deux fois.

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    Sans trop en dire, la série repose sur le décryptage progressif d’une vaste machination qui ferait passer V pour Vendetta pour un exposé de CE1. Avec force rebondissements, twists et autres chevilles de scénario exubérantes qui font avancer ou reculer l’intrigue, notamment les illuminations soudaines des personnages touchés par la grâce du dieu des flics. Pourtant, ils galèrent, chacun à leur manière. L’inspecteur de 1890 est homosexuel, celui de 1941, juif, celle de 2023, trop basanée et trop gentille – on l’a bien compris au bout du troisième suspect qu’elle cherche à sauver plutôt qu’à écrouer. Ils se prennent des répliques pataudes, évangile de la dénonciation des oppressions selon Netflix, mais mieux vaut en sourire. Dehors, il pleut toujours et nous, on a terminé de regarder, hypnotisé.

    qBodies, minisérie de Paul Tomalin (GB, 8 × 50 mn, 2023). Adaptée du roman graphique de Si Spencer. Avec Shira Haas, Stephen Graham, Amaka Okafor, Jacob Fortune-Lloyd. Sur Netflix.

    la comédie romantique qui réveille le genre”

    EXTRAIT TELERAMA TTT : Lisa et Danny sont deux Londoniens insomniaques. Ils passent leurs nuits à débattre, en visio, de leurs galères et de leurs histoires d’amour. Deux héros imparfaits parfaits pour l’autre ?

    Dany (Craig Roberts), un agoraphobe, cloîtré chez lui… Apple TV+

    Par Pierre Langlais, Publié le 24 septembre 2023 à 20h00

    Une bonne idée tient parfois à un jeu de mots. Still Up, c’est l’histoire de deux personnages qui ne dorment pas… ensemble. Lisa (Antonia Thomas) et Danny (Craig Roberts) sont deux insomniaques londoniens, inséparables mais à distance. Danny est agoraphobe, cloîtré chez lui. Lisa, elle, passe ses nuits aux quatre coins de la ville. Par écrans interposés, ils refont le monde, plaisantent de tout et de rien, se confient sur leurs vies intimes respectives. Elle est jeune maman, en couple. Il est célibataire, en pleine dépression depuis une séparation douloureuse. Still Up fait de ces deux oiseaux de nuit des âmes sœurs amicales. Tension classique de romcom : leur amitié n’est-elle pas prélude à autre chose ?

    Un monde nocturne riche et délicat

    La comédie de Steve Burge et Natalie Walter prend un risque en tenant à distance ses deux héros. Il faut pourtant peu de temps pour que Lisa et Danny deviennent irrésistibles. Elle est lumineuse et blagueuse, enchaîne les sorties à la pharmacie de garde, en boîte de nuit, au camping… Il est statique mais plein d’esprit, anxieux et doux. Ils sont imparfaits mais parfaits l’un pour l’autre, il n’y a qu’eux pour ne pas le voir. Sans jamais se croiser, Antonia Thomas (Misfits, Good Doctor) et Craig Roberts (Red Oaks) parviennent à créer une belle alchimie a priori amicale, tout en laissant planer le doute, ici ou là, pour qu’on s’interroge sur leurs sentiments.

    Still Up met en scène un monde nocturne riche et délicat. Elle réserve les stéréotypes comiques aux personnages secondaires pour mieux dessiner les contours de ses deux héros, trouve le bon équilibre entre gags énormes et discussions sérieuses. Elle imagine des séquences originales – notamment une épique virée en bus à impériale – et se sort habilement des figures ultra balisées comme le dérapage sous hallucinogènes ou le premier rendez-vous. Mais c’est le fond dramatique de la série qui fait qu’on attend impatiemment l’épisode suivant : les blessures des personnages et le risque qu’ils passent à côté d’une belle relation. Danny se remet doucement d’un traumatisme amoureux, Lisa réalise lentement qu’elle n’est pas heureuse. Leurs trajectoires émotionnelles se croiseront-elles ? Réponse dans huit épisodes.

    Still Up, saison 1, comédie romantique créée par Steve Burge et Natalie Walter, Grande-Bretagne, 8 × 30 mn. Trois épisodes depuis le 22 septembre, puis un nouveau chaque vendredi sur Apple TV +.

    BANDE ANNONCE

    SYNOPSIS

    Marie Tessier est fraîchement nommée ministre des Affaires étrangères lorsqu’une prise d’otages a lieu au Sahel. Celle-ci crée la discorde au sein du pouvoir. Volontaire et idéaliste, Marie enfreint les règles et tente de montrer que tout est sous contrôle. Elle n’hésite pas, même, à dépasser les limites, quitte à en devenir ridicule. La jeune femme découvre alors toute l’absurdité des codes politiques et du pouvoir en place. Les aventures de Marie Tessier sont présentées sur un ton humoristique et mettent à mal les hommes politiques français. Avec un humour caustique, “Sous contrôle” brocarde efficacement l’exercice de la politique à la française.

    Pointure de l’humanitaire, Marie Tessier est aux toilettes quand elle reçoit un appel du président de la République : il la veut au Quai d’Orsay. La scène donne le ton de cette histoire de « poisson hors de l’eau », comme diraient les Anglo-Saxons. Même si la femme de terrain débarque plutôt dans son nouveau cabinet comme un éléphant dans un magasin de porcelaine… Étrangère aux codes du pouvoir et à la pratique des éléments de langage, elle multiplie les incidents diplomatiques, alors même qu’une prise d’otages au Sahel lui tombe sur le dos.

    L’exercice du pouvoir est une vaste farce, et le scénariste Charly Delwart en tire une satire qui n’évite pas quelques baisses de régime, mais ne verse jamais dans le nihilisme anti-système. Cousine au second degré de la Selina Meyer de Veep, Marie Tessier croit en la politique plus que la politique ne croit en elle… Un paradoxe qui l’oblige à jauger jusqu’où elle peut faire des compromis — question qui se pose à quiconque veut tenter d’agir dans un monde complexe.

    Réalisée par Erwan Le Duc (Perdrix), Sous contrôle orchestre la valse de communicants et autre directeur de cabinet, au milieu desquels un président très en marche (génial Laurent Stocker) passe toujours en coup de vent. On s’amuse du contrechamp sur le business de preneurs d’otages pragmatiques, qui font remplir un questionnaire de satisfaction à leurs détenus. Et on boit comme du petit-lait le talent de Léa Drucker, qui semble ne pas avoir de limites.PLUS D’INFOS

    CASTING : Léa Drucker, Marie TeissierSamir, Guesmi, Harold Drassin, Laurent Stocker, Ferdinand Saulnier, Samuel Churin, Marc Bragie

    DREAMING WHILST BLACK (saison 1)

    EXTRAIT TELERAMA Par Pierre Langlais

    Kwabena, la trentaine, costume terne et imposantes dreadlocks, travaille dans une agence d’intérim londonienne. Coincé au milieu de collègues gênants qui ne cessent de le renvoyer à sa couleur de peau et à sa culture jamaïcaine — en se pensant super cool —, il rêve de tout plaquer pour enfin vivre de sa passion, le cinéma. Il conserve dans ses tiroirs un projet de romance sur fond d’immigration qu’un producteur en quête de diversité semble être disposé à lui acheter. Mais l’enfer de l’industrie est pavé de bonnes intentions…

    Avec Dreaming Whilst Black (« rêver tout en étant Noir »), Adjani Salmon suit la voie ouverte par Issa Rae (Insecure) et adapte une websérie éponyme, récompensée en 2022 aux Baftas — les Césars britanniques. Il y réinvente son propre parcours dans un mélange détonnant de comédie intimiste et d’ironie cinglante. Derrière les blagues embarrassantes, il épingle la discrimination raciale et son pendant prétendument positif, qui le pousse à faire « un film pour les Blancs » afin de rentrer dans le milieu — dans son cas, un drame où un gamin tombe pour trafic de drogue… Dreaming Whilst Black questionne ainsi la difficulté pour les artistes issus de minorités de s’exprimer pleinement et non de se plier à ce qu’on attend d’eux. Mais cette comédie politique préfère l’absurdité aux grands discours, et en revient toujours à la poisse de son héros charismatique, qui enchaîne les déconvenues hilarantes.

    I – LA MERVEILLEUSE HISTOIRE DE HENRY SUGAR

    C‘est comme une petite brise chaude et lointaine, puis le gondolement des pages qui se tournent, un « oui » vénérable, comme pour se confirmer que tout est parfaitement agencé dans l’ordre du monde, ou pour le moins dans la cabane d’écrivain qui ouvre le film. Cette bicoque, c’est celle de Roald Dahl (Ralph Fiennes, parfaitement flegmatique), et on n’a jamais ressenti une telle sérénité dans le cinéma précipité, fiévreux, de Wes Anderson, qui adapte en quatre courts métrages autant de nouvelles de l’écrivain britannique. “La Merveilleuse Histoire de Henry Sugar”, présenté à la Mostra de Venise, arrive aujourd’hui sur Netflix.

    « Des cigarettes, du café, du chocolat » : c’est là tout le nécessaire de l’homme de lettres anglais avant de coucher une histoire sur le papier. Mais aussi : un crayon bien taillé, les rognures de gomme qu’on époussette. Ces pelures, on n’en a eu l’idée que parce qu’on a entendu (et vu) Ralph Fiennes en parler, passer la brosse sur l’écritoire. Et ainsi du crayon qu’on a taillé ou de la lumière du jour qui éclaire le bureau après qu’une main anonyme a tiré le rideau : rien de tout ça n’existe autrement que par la grâce de la projection.

    En douceur, sans outrance

    C’est là l’introduction malicieuse et discrète de ce récit fantastique (et gigogne) autour de l’empire du faux, métaphore du cinéma, prenant prétexte de suivre un forain indien (Ben Kingsley) et un dandy britannique (Benedict Cumberbatch) ayant tous deux réussi à maîtriser l’art yogi de voir « sans les yeux », autrement dit par l’esprit. De là, la faculté d’assurer des tours de divination pour l’un, de tricher aux cartes et s’enrichir pour le second. Leur méthode : « Oublier les milliers de détails, apprendre à ne visualiser qu’une chose, une seule. » Ironique pour l’amateur du cinéma de Wes Anderson…

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    Baladés d’un décor à l’autre, d’une bibliothèque à la forêt luxuriante du Douanier Rousseau, ont-ils seulement existé ? Peu importe puisqu’on les a vus, et bien vus : sans les yeux. Comme si Roald Dahl répondait au Petit Prince de Saint-Exupéry, un sourire aux lèvres. Dans ses contes pour enfants, le romancier britannique se faisait volontiers cruel et caustique, c’est ici plutôt la douceur qui l’emporte : on évite soigneusement tout retournement spectaculaire, la critique de la société de consommation est sans outrance, et le finale a des allures de délicat crépuscule, comme pour se confirmer que tout est parfaitement agencé dans l’ordre du monde, ou pour le moins, dans le cinéma de Wes Anderson.

    II- LE CYGNE

    EXTRAIT TELERAMA Un jour, un Roald Dahl adapté par Wes Anderson pour Netflix. Ce magnifique deuxième court métrage sur le harcèlement emboîte avec brio le pas à son grand frère “La Merveilleuse Histoire de Henry Sugar”.

    Par Augustin Pietron-Locatelli

    Combien d’intrigues dans Asteroid City ? Wes Anderson, depuis quelque temps, se plaît à orchestrer des récits morcelés, qui embrassent touche par touche un monde sans doute trop grand pour un seul film. Logique, donc, d’adapter un recueil de Roald DahlLa Merveilleuse Histoire de Henry Sugar et six autres nouvelles en quatre courts pour Netflix.

    Père Castor, raconte-nous l’histoire du Cygne : ici, en ouverture, point de Ralph Fiennes (olympien interprète de Roald Dahl) mais le narrateur (Rupert Friend) qui présente sans détour un trauma de sa jeunesse. Comment deux brutes, lasses de maltraiter les oiseaux, s’en sont prises à lui.

    Pour transposer une nouvelle qui repose essentiellement sur la stichomythie (succession rapide de courtes répliques théâtrales), Wes Anderson met en place un jeu de questions-réponses. Le Peter âgé joue les dialogues, tandis que le Peter jeune et les deux butors les incarnent. Chaque détail du court relève de la mise en scène tandis que la caméra se déplace dans toutes les directions possibles – gauche, droite, en avant, en arrière, case par case, comme la reine aux échecs.

    “La Merveilleuse Histoire de Henry Sugar”, sur Netflix : Wes Anderson adapte Roald Dahl avec malice

    L’histoire est déchirante, le ton zéphyrien. On assiste, poings serrés, au passage d’un train sur le jeune Peter. Qui d’autre que Wes Anderson pour en faire un geste poétique, leçon d’absurde et de mise en scène ? Le minimalisme fait loi. Rien à voir avec les luxuriants décors de Henry Sugar qui occupent tout l’espace, ici, tout ornement est avant tout une idée : un labyrinthe de haies puis de blé, des jumelles et des portes camouflées…

    Que penser de cet horizon laiteux : est-ce le mur du studio, la matrice de Netflix ou les synapses de l’auteur britannique ? Ce blanc perçant interroge tout en recentrant notre attention sur le brio du texte. Mais on ne fera pas dire à Roald Dahl ce qu’il n’a pas dit : non, le harcèlement ne donne pas d’ailes.

    Le Cygne, fable de Wes Anderson (The Swan, États-Unis, 0h17, 2023). Scénario : Wes Anderson, d’après Roald Dahl. Avec Ralph Fiennes, Rupert Friend, Asa Jennings. Sur Netflix.

    III – LE PRENEUR DE RATS

    Pour notre plus grand plaisir, Wes Anderson poursuit son exploration de l’œuvre de Roald Dahl avec ce troisième court métrage, aussi réussi que les précédents. Une fable horrifique sur le pouvoir de l’imaginaire et l’art de la narration.

    Par Marie Sauvion

    Et de trois ! Après La Merveilleuse Histoire de Henry Sugar, mis en ligne mercredi sur Netflix, et Le Cygne, disponible depuis hier, la plateforme dévoile aujourd’hui Le Preneur de rats, avant-dernier des quatre courts métrages réalisés par Wes Anderson d’après des nouvelles de Roald Dahl – en attendant Venin demain. Dans ce feu d’artifice(s) dépourvu de musique, le narrateur continue d’occuper le terrain sonore : ici, un journaliste prolixe (Richard Ayoade) tient cet emploi face caméra. À gauche de l’image, son bureau, bizarrement posé devant la vitrine du quotidien local d’un village anglais ; à droite, la station-service de Claud (Rupert Friend) ; en face, un champ où s’élève une meule de foin, paraît-il infestée de rats. Surgit l’homme providentiel, le dératiseur (Ralph Fiennes), personnage répugnant aussitôt surnommé « Rat Man » – sa longue chevelure grise, ses griffes sales et ses incisives de rongeur donnant un double sens au raccourci.

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    Écrite dans les années 1940, alors que Dahl résidait à Amersham, au nord-ouest de Londres, la nouvelle appartient à la veine la plus noire de son œuvre et décrit l’étrange mimétisme entre le tueur et sa proie, ainsi que le dégoûtant spectacle de la cruauté humaine. Anderson en tire logiquement un film d’horreur, poursuivant sa passionnante recherche formelle (c’est un festival de plans-séquences et de conventions brisées, explosion du quatrième mur, intrusion des accessoiristes, changements à vue…).

    S’il s’agissait pour Henry Sugar de réussir à voir sans les yeux, par la seule force de l’esprit, le défi consiste cette fois à regarder l’invisible. Dans l’une des scènes les plus marquantes de ce bref exercice de style, l’homme-rat extrait ainsi de sa poche un gaspard imaginaire, puis de l’autre un furet inexistant. Imperceptible (et se déroulant de toute façon sous la chemise du bonhomme, à même sa peau, beurk), le duel à mort entre les deux bestioles n’en possède pas moins une terrible force évocatrice, hommage combiné au hors-champ et au pouvoir créateur, infini, de la lecture.

    r Le Preneur de rats, fable de Wes Anderson (The Ratcatcher, Etats-Unis, 0h17, 2023). Scénario : Wes Anderson, d’après Roald Dahl. Avec Ralph Fiennes, Rupert Friend, Richard Ayoade.

    IV – POISON

    Pour le dernier des quatre courts métrages tirés des nouvelles de Roald Dahl, Wes Anderson se frotte en virtuose à une intrigue plus sombre, au suspense très efficace, déjà adaptée par Alfred Hitchcock en 1958.

    Ces quatre courts métrages que Wes Anderson a réalisés pour Netflix en hommage à Roald Dahl, Venin est, sans doute, le plus angoissant. En Inde, le narrateur, Timber Woods (Dev Patel) rend visite de nuit à son ami Harry Pope (Benedict Cumberbatch). Il le trouve alité, immobile, chuchotant des mots à peine intelligibles. Et pour cause : sur le ventre de Pope, dissimulé sous le drap, se promène un bongare, un petit serpent dont la morsure est mortelle. Timber fait alors venir un médecin indien, le docteur Ganderbai (Ben Kingsley), pour qu’il administre à Pope un sérum préventif et endorme le redoutable reptile…

    Comme pour La merveilleuse histoire d’Henry SugarLe cygne et Le preneur de rats, le réalisateur texan use en virtuose de tous les artifices de la représentation cinématographique, picturale mais, aussi, théâtrale (avec, en prime, le commentaire de Roald Dahl incarné par Ralph Fiennes en robe de chambre et pantoufles !), pour développer cette intrigue au suspense très efficace. Le maître en la matière, Alfred Hitchcock, avait d’ailleurs adapté la même nouvelle de Roald Dahl dans Poison (1958), un épisode fameux de sa série Alfred Hitchcock présente. En bon pervers, « Hitch » avait présenté les deux protagonistes comme des rivaux amoureux, Woods prenant un plaisir sadique à torturer son « ami » en tardant à appeler les secours, avant un épilogue d’un humour noir ravageur. Wes Anderson, lui, est resté fidèle à la lettre comme à l’esprit de Roald Dahl. Jusque dans l’expression à mots très crus du racisme du personnage de Pope.

    BABYLON BERLIN

    CANAL +

    La saison 4 de la série la plus chère produite par la télévision allemande entre dans les années trente et voit la montée du péril brun.

    Par Émilie Gavoille

    31 décembre 1930. Dans les rues de Berlin, les effets de la crise économique de 1929 se font amèrement sentir. Chômage massif, famine, misère… La nuit, comme cette soirée de la Saint-Sylvestre, ceux qui le peuvent encore dansent jusqu’à l’épuisement, pour oublier un temps les malheurs du jour et rêver à des lendemains meilleurs… Lesquels n’arriveront pas de sitôt : Hitler n’a pas encore été élu chancelier, mais déjà la peste brune gagne du terrain dans toutes les strates de la société. Auprès des plus jeunes, chez les plus riches industriels du pays, et jusque dans les rangs de la police…

    Dans cette quatrième saison, la série la plus chère jamais produite à la télévision allemande continue de dépeindre avec la même acuité, sans œillères, les multiples visages d’une république de Weimar désormais crépusculaire, et qui sert ici de toile de fond à un nombre record d’intrigues. Trahisons et espionnage, chantage et assassinats, enlèvements et vol de diamant : les férus de rebondissements tous azimuts en auront pour leur abonnement à Canal+. Les amateurs de reconstitutions précises et somptueuses aussi : Babylon Berlin a, on l’a dit, les moyens de ses ambitions, et ils sont toujours aussi judicieusement alloués.

    Mais au-delà des décors rutilants, de la bande-son tonitruante, de la finesse historique, la plus grande réussite de la série (qui connaîtra prochainement une cinquième saison) réside sans aucun doute dans la passionnante complexité de ses personnages. Gereon Rath, bien sûr, ex-soldat devenu commissaire de police, mais resté traumatisé par l’expérience des tranchées — il s’essaye, cette saison, à l’expérimentale pervitine (1) pour tenter d’apaiser ses troubles. Mais aussi Charlotte Ritter, son assistante sans peur et sans reproches, qu’on a vue gravir patiemment les échelons et qui, approchant enfin de son but, va voir une nouvelle fois le destin se mettre en travers de son chemin.

    https://www.telerama.fr/series-tv/babylon-berlin-saison-3-quatre-raisons-de-gouter-ce-veneneux-polar-sur-canal-ou-mycanal-6659252.php

    * THE UNDECLARED WAR

    une saisissante série dystopique au royaume des cyberattaques

    En 2024, les services secrets britanniques tentent de déjouer une offensive russe contre le système électoral du Royaume-Uni… Une fiction palpitante, par le vétéran Peter Kosminsky.

    Par Marianne Levy

    Et si ? De cette toute petite question, Peter Kosminsky (Warriors) a fait une minisérie prophétique d’une précision documentaire glaçante. Plus politique que jamais, le créateur britannique revient au petit écran avec The Undeclared War, en investissant cette fois l’univers d’Internet. Il y met en scène une guerre « non déclarée » entre la Russie et le Royaume-Uni, prolongation hypothétique des visées expansionnistes de Vladimir Poutine en Ukraine.

    Tout débute à Cheltenham, dans le sud de l’Angleterre, à quelques semaines des élections législatives de… 2024. Au QG du renseignement britannique, le GCHQ, une équipe d’analystes dirigée par Danny Patrick (Simon Pegg), flegmatique chef des opérations, fait face à une cyberattaque d’une envergure inédite. Ultra performants, ses membres réagissent sans pour autant saisir immédiatement le degré de sophistication du piège qui leur est tendu. C’est Saara, une codeuse stagiaire fraîchement débarquée dans ce département, incarnée avec une intensité bouleversante par Hannah Khalique-Brown, qui parvient à comprendre le modus operandi de l’ennemi.

    Usine à trolls

    La force de la jeune femme ? Sa double différence. Née dans une famille d’immigrés, elle incarne un métissage culturel douloureux à porter au quotidien mais qui lui permet de penser autrement dans cet univers majoritairement masculin et blanc. Peu à l’aise en matière de relations sociales, Saara est en revanche surdouée dès qu’elle se met au clavier d’un ordinateur. Talent qui l’amène à se déplacer avec une dextérité remarquable dans les lignes de code qu’elle traduit aussi facilement que si elle sautait dans les cases de la marelle d’une cour de récré. Outsider, idéaliste et obsessionnelle, elle irrite ses collègues mais gagne la confiance de sa hiérarchie grâce à ses fulgurances. Elle devient centrale dans la gestion d’une crise qui prend un tournant effrayant lorsque Andrew Makinde (Adrian Lester), le Premier ministre conservateur en proie aux difficultés économiques du pays, se lance dans une surenchère imprudente à des fins politiciennes.

    De l’autre côté des écrans, une jeune journaliste et un étudiant russes, employés dans une usine à trolls, tentent d’enrayer l’engrenage. Le jeu de chat et de souris devient alors un addictif jeu de miroir porté par une réalisation subtile et tendue. Kosminsky prend bien soin de dessiner des personnages complexes et évite ainsi l’écueil du manichéisme simpliste dans lequel le sujet pouvait l’entraîner.

    Les clés de l’avenir à la jeunesse

    Comme dans Le Serment (2011), sa série sur la responsabilité anglaise dans le conflit israélo-palestinien, ou The State (2017), centrée sur des adolescents britanniques qui partent faire le djihad en Syrie, c’est à travers le regard de la jeune génération que l’ex-reporter et documentariste questionne la possibilité d’un monde meilleur dans The Undeclared War. Un monde rendu plus vulnérable par la révolution numérique et la généralisation des fake news comme armes de propagande d’une puissance dévastatrice.

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    Jusque-là, Kosminsky oscillait brillamment entre l’œuvre de mémoire et la fiction pédagogique. Cette fois, après de longues années de recherches, il enfile la casquette de lanceur d’alerte cathodique : « Je veux alerter les gens sur les dangers bien réels qui nous menacent en tant que pays et comme civilisation. J’ai aussi voulu éclairer la guerre de l’information qui sévit. Nous y avons été confrontés pendant la campagne pour le référendum sur le Brexit ou l’élection présidentielle américaine. Les réseaux sociaux peuvent être détournés pour influencer les opinions publiques et nous entraîner vers des objectifs définis par des cerveaux qui n’ont pas nos meilleurs intérêts à cœur. » Au terme de ces six épisodes, il confie, à 67 ans, les clés de l’avenir à la jeunesse. Un vote de confiance sériel, en somme

    BANDE ANNONCE

    UN PANACHÉ DE SERIES ANNÉE 2023

    sur Netflix : Télérama “une vendetta furieuse et vibrante qui tient bien la route

    Un clash en voiture, et deux existences qui partent en vrille. Existentielle et cartoonesque, cette série irriguée de colère percute la question du libre arbitre et ose une émotion déroutante.

    SYNOPSIS : Un presqu’accident dans le parc de stationnement d’un magasin de bricolage transforme deux inconnus en ennemis et les mène à une escalade d’actes de vengeance. En parallèle, Amy et Danny découvrent l’identité et la famille de l’autre et s’impliquent de plus en plus dans la vie de chacun.

    Par Marjolaine Jarry, Télérama, Publié le 09 avril 2023 à 18h00

    Sur un parking de supermarché, au volant de son pick-up fatigué, Danny recule sans prendre garde. Un SUV d’un blanc éblouissant le klaxonne longuement, sur le ton de l’exaspération chargée de mépris. Danny rétorque. La vitre du SUV s’abaisse pour laisser apparaître un très affirmé doigt d’honneur. Le sang de Danny ne fait qu’un tour : le voilà lancé sur les avenues de Los Angeles, pourchassant le rutilant véhicule, dont le conducteur se dissimule derrière ses vitres fumées, jusque sur les pelouses d’une banlieue cossue, plus lynchienne tu meurs…

    Le crash est évité (à un cheveu près), mais la guerre de Troie aura bien lieu : cet affrontement originel n’est que le premier d’une longue série, le déclencheur d’une picaresque vendetta entre Danny et son adversaire – qui s’avère être une conductrice et non un conducteur : la très minimaliste chic Amy, à la tête d’une florissante start-up de plantes vertes.

    Un accrochage et c’est la sortie de route. Fous de colère, ces nouveaux meilleurs ennemis (le fébrile Steven Yeun et l’aiguisée Ali Wong) enchaînent uppercut du droit et revers du gauche, élaborent les stratagèmes les plus vicieux comme les revanches les plus potaches et mettent en pièces, au passage, la prétendue impassibilité asiatique. Créée par le scénariste-réalisateur Lee Sung-jin, né en Corée du Sud, et portée par la déjà culte société A24 (à l’origine du vibrionnant Everything Everywhere All at Once qui a raflé la moitié des Oscars cette année), Acharnés (Beef, en VO) cogne avec entrain. Entre lutte des classes – Danny patauge dans la galère, Amy dort dans la soie – et escalade cartoonesque, c’est à qui viendra déposer la plus grosse bombe sur le paillasson de l’autre.

    Si les échafaudages ubuesques du scénario amusent par leur virtuosité (dont l’effervescence a pour contrepartie l’abandon un peu trop rapide de certaines pistes), on ne voit pas tout de suite venir le vrai choc que contient la série. Celui qui nous laisse K.-O. debout au fil du récit poignant de deux ultra modernes solitudes qui ont failli se percuter sur la route et le font, in fine, dans la vie. Danny se démène, avec sa brinquebalante entreprise de construction, dans l’espoir d’offrir une vie meilleure à ses parents rentrés en Corée après la perte de leur motel, et avec, sous son aile, un frère cadet dont il a bien du mal à se séparer. Amy se consume au travail pour amasser une richesse qui l’oppresse et entretenir son mari artiste qui lui conseille, alors qu’elle est en burn-out dès le petit déj, de se pencher un peu plus souvent sur son cahier de gratitude…

    Dans ce monde libéral sans pitié, le duo de belligérants a la rage en partage et quelques autres points communs, dont celui de connaître le poids de la réussite qui incombe aux enfants d’immigrés. Mais aussi, ce mauvais esprit qui leur fait vomir les maximes de développement personnel et leur donne envie d’écrire des insanités dans leur cahier de gratitude… Si ces deux-là ne peuvent arrêter de se chercher, c’est qu’ils adorent se détester et espèrent tant trouver quelqu’un qui leur ressemble.

    « Tout ça, c’est à cause de lui ? » questionne, effaré, l’époux d’Amy au sujet de Danny, à l’un des points culminants d’une crise en forme de chaîne himalayenne. « Pas lui en soi… », tente d’expliquer Amy, soudain consciente de la puissance des forces souterraines qui l’animent. Quelle est la source de cette fureur qui emporte tout sur son passage ? Peut-on déjouer son enfance et les assignations familiales pour vivre sa vie ? Qui peut vraiment prétendre être au volant de son existence ? Freud aurait souri de cette version à quatre roues du « ça »-cheval qui embarque au galop le « moi »-cavalier. « La psychanalyse ne marche pas sur les esprits asiatiques », affirme Danny pour enfoncer le clou, dans un ultime épisode – dont le titre, Imaginer la lumière, est inspiré d’une citation de… Jung.

    Pour rester sur le terrain de l’interprétation, on ne résiste pas à se pencher sur le percutant titre originel, Beef, qui signifie, en argot américain, « conflit ». Si ce dernier est ici servi saignant, cette image de barbaque offre aussi une belle occasion, alors que des flash-back font surgir les images pouponnes de Danny et Amy bébés, de rappeler de quelle chair tendre nous sommes faits. L’émotion emporte la partie, submergeant une série qui a décidément la rage au cœur

    Acharnés, série créée par Lee Sung-jin (Beef, États-Unis, 10×30 mn, 2023). Avec Steven Yeun, Ali Wong, Patti Yasutake. Sur Netflix.

    T. En adaptant en neuf épisodes le manga d’Aiko Koyama, le réalisateur d’Une affaire de famille livre un récit quasi documentaire sur l’univers des maisons de geishas, à travers l’extraordinaire récit d’apprentissage de deux adolescentes. Fabuleux.

    NETFLIX. En adaptant en neuf épisodes le manga d’Aiko Koyama, le réalisateur d’Une affaire de famille livre un récit quasi documentaire sur l’univers des maisons de geishas, à travers l’extraordinaire récit d’apprentissage de deux adolescentes. Fabuleux.

    En été, le bon peigne est le maki, en hiver, le tsunami. Si on se trompe, eh bien… ça n’est pas grave, mais tout de même : on reconnaîtra bien vite l’apprentie geisha à ce qu’elle choisit le mauvais. C’est ainsi pour les maikoqui entrent dans leur okiya (maison de geishas) comme on entre au couvent. Et c’est à peu près le plus haut degré de dramaturgie que vous observerez au fil des neuf épisodes de Makanai, dans la cuisine des maiko, qui s’écoulent avec la grâce de l’anecdote. Car dans cette série de Hirokazu Kore-eda (Nobody KnowsUne affaire de famille), il n’y a ni suspense ni dénouement. Rien que la vie à l’encre blanche – celle qui irrigue les films d’Ozu ou un haïku – et deux trois notes de harpe pour transpercer le cœur.Un univers enfantin, bienveillant, imperméable aux bouleversements du monde.  Courtesy Netflix

    Parler de rien, c’était déjà le projet derrière Seinfeld. Et quand on parle de rien on parle de tout, mais mieux. Il y avait pourtant matière à se perdre dans un de ces récits aux antagonismes banals : deux adolescentes inséparables, l’une, Sumire, précise, ambitieuse, et l’autre, Kiyo, plus vague, plus gauche, chacune plongée dans le grand bain de la compétition, loin de chez elles, dans cette grande maison coincée dans une ruelle de Kyoto. Il n’en est rien, car Kiyo est bien incapable de maîtriser l’art du mai (la danse traditionnelle des geishas) ou l’ikebana. Au départ, on pense la renvoyer chez elle, à Aomori, mais par chance c’est un vrai cordon-bleu et la cuisinière officielle se fait porter pâle.

    Alors la gamine reprend le flambeau, elle sera makanai. Rarissime à son âge mais l’essentiel, c’est qu’elle ait trouvé sa voie – il y a quelque chose de platonicien chez Kore-eda, où chacun doit trouver sa place dans l’harmonie du monde. La cuisine est un don, le repas une communion. Dans cet environnement corseté, codifié, chaque plat de Kiyo agit comme un onguent, lorsqu’il y a des tracas, des doutes : tofu soyeux, oyakodon, pain perdu et udon se lovent dans la grande marmite des affects, et révèlent aux âmes les plus bornées leur sympathie cachée.

    Un havre pour les femmes

    Ainsi, ce huis clos satiné aux allures de petit théâtre d’opérette, trop kawaii,trop enfantin, trop bienveillant, pourrait prêter le flanc à beaucoup de cynisme. C’est en effet un lieu presque hors du temps, poudré, délicat, où tout n’est qu’entraide – la jalousie y étouffe sous les sourires forcés, les chagrins semblent dérisoires. Il y a certes Ryoko, l’ado solitaire, qui surgit au hasard tel un fantôme sardonique et lucide et qui n’en peut plus de tant de niaiserie – on apprendra plus tard les raisons de son amertume. Il y a l’excentrique Yuko, ancienne maiko, qui fuit une vie maritale qui l’ennuie. Ou Momoko, la geisha star revenue de tout, passionnée de films de zombies. Il faut dire que la rectitude de ces vies de maiko ressemble à un chemin tout tracé dont on voudrait se défaire : ont-elles fait le bon choix ? Le temps des regrets viendra-t-il ?Kiyo se retrouve derrière les fourneaux et devient « makanai » : dans la série, la cuisine agit comme un baume sur les corps et les âmes.  Courtesy Netflix

    Kore-eda (avec la collaboration de trois jeunes réalisateurs japonais) a trouvé dans l’adaptation du roman graphique d’Aiko Koyama la quintessence de son cinéma, où la famille officielle a toujours moins d’importance que celle qu’on choisit. En un temps post- #MeToo, voilà un havre où les femmes peuvent trouver refuge, où la sororité protège et l’art rend souverain. Car, contrairement à un mythe tenace, les geishas ne s’adonnent pas à la prostitution, ce sont des artistes indépendantes, souvent bien plus libres que les femmes mariées.

    Sous l’okiya donc, il y a d’un côté les « mères », qui font office de professeures ; de l’autre, des jeunes filles aux yeux constamment brillants. Tout ceci paraîtra peut-être banal, naïf. Pourtant, dans la platitude d’une croûte de pain frite à l’huile, dans le pli souple de ces tissus cintrés, dans ces gestes répétés et immémoriaux, tout, chez Kore-eda, concourt à la beauté du monde. Et c’est bouleversant.

    T : “La Diplomate”, sur Netflix : une habile série géopolitique dans la lignée d’“À la Maison-Blanche”

    En suivant les débuts houleux de la nouvelle ambassadrice américaine à Londres (Keri Russell), la showrunneuse Debora Cahn trouve le parfait équilibre entre tension, rhétorique et comédie.

    La scénariste et comédienne Daisy Haggard, habituée des rôles comiques, nous touche en plein cœur avec cette série drôle et émouvante au sujet d’une femme qui réapprend à vivre après dix-huit ans derrière les barreaux.

    our Miranda « Miri » Matteson (Daisy Haggard), l’avenir s’annonce compliqué. Elle sort de prison après avoir purgé dix-huit ans de réclusion. De retour dans sa chambre d’ado chez ses parents Caroline (Geraldine James) et Oscar (Richard Durden), elle doit affronter l’hostilité mâtinée de bêtise crasse de la communauté de Hythe, petite station balnéaire du Kent, où tout se sait et où personne n’a oublié le motif qui a conduit à sa condamnation, le meurtre de l’une de ses copines, pourtant survenu dans des circonstances obscures. Et surtout, elle doit tout (ré)apprendre pour se construire une nouvelle vie. Rien ne sera facile pour Miri, constamment rappelée à son passé et réduite à son statut d’ex-détenue.

    ARTE. T : Emma, l’entremetteuse imaginée par Jane Austen, révèle toutes ses nuances dans cette belle adaptation produite par la BBC à la fin des années 2000. Un raffinement exquis et un verbe piquant.

    Dans le petit bourg de Highbury, dans le Surrey, les rencontres et les romances ne doivent rien au hasard. Emma, jolie jeune femme de la haute société, ne cesse d’y perfectionner ses talents d’entremetteuse, orchestrant dans l’ombre d’improbables rapprochements entre ses voisins et amis. Une tyrannie du mariage à laquelle Emma compte bien échapper : rien ni personne, s’imagine-t-elle, ne pourrait l’éloigner de son père adoré, le soucieux M. Woodhouse.

    Entre la BBC et Jane Austen, c’est une passion qui résiste au temps, comme le rappelle cette énième adaptation, réalisée en 2009. Quatre épisodes d’une heure permettent d’affiner chaque personnage, de nuancer le portrait d’Emma, d’abord perçue comme une grande enfant qui « manipule les êtres comme des poupées »… Sous l’art maîtrisé — et vachard — de la conversation et les tourments sentimentaux, l’adaptation de Sandy Welch restitue la mélancolie, souvent oubliée, du roman d’apprentissage, en composant une délicate chronique de la perte et de la séparation. Des paysages bucoliques aux costumes d’un raffinement exquis, Emma distille un charme assez irrésistible, sans oublier d’être piquante.

    ARTE. T : Une petite ville croate désertée depuis la guerre des Balkans reprend vie après la réouverture de l’usine locale. Un drame intimiste et subtil

    THE RESORT

    CANAL. En vacances au Mexique pour fêter leurs dix ans de mariage, Emma et Noah trouvent un vieux téléphone qui les précipite dans une aventure rocambolesque. Une comédie fantastique et mélancolique sur la quête du premier regard, parfaite série de l’été

    Célébré pour ses thrillers politiques, l’Anglais Hugo Blick s’attaque au plus américain des genres, le western. Et le dynamite, en mettant au premier plan une femme et un Amérindien. Le scénariste explique la genèse de cette série baroque et hallucinée.

    Un western ? Ce n’est pas là qu’on attendait Hugo Blick. Depuis le sombre polar The Shadow Line en 2011, cet auteur britannique s’était plutôt distingué dans le drama contemporain à regarder sourcils froncés. Dans la série d’espionnage The Honourable Woman (2014), il sondait les répercussions en Grande-Bretagne du conflit israélo-palestinien. Dans le thriller géopolitique Black Earth Rising (2018), il se penchait sur les cicatrices du génocide rwandais. The English, sa nouvelle minisérie, fait un pas de côté. Loin de la Tamise, du XXe siècle et du réalisme de ses œuvres précédentes, elle nous propulse dans un Far West fantasmé, où le scénariste de 58 ans, également réalisateur de toutes ses séries, s’amuse à déconstruire le genre.

    Sous des ciels immenses à la John Ford, il donne le beau rôle à une femme, Cornelia Locke (l’intrépide Emily Blunt), lady anglaise en quête de vengeance, et à un Amérindien, Eli Whipp (Chaske Spencer, une révélation), vétéran de l’armée américaine qui veut rejoindre le Wyoming pour y réclamer un lopin de terre. Deux outsiders hantés par leurs morts, qui vont s’aider et s’aimer. Déplaçant le centre de gravité du cow-boy à l’Indien, des dominants aux dominés, The English peut rappeler la démarche d’autres néowesterns récents, comme La Dernière Piste (2010) ou The Power of the Dog (2021).

    Dans une Amérique des années 1950 fantasmée où circulent robots et voitures volantes, un VRP et ses collègues tentent péniblement de fourguer des maisons sur la Lune. Le portrait mélancolique d’une équipe de losers courant désespérément après le succès

    Craig Mazin (Chernobyl) et Neil Druckmann, créateur du jeu culte, l’adaptent dans un road-trip post-apocalyptique diffusé dès ce lundi. Après deux épisodes timides, la série déjoue nos attentes et nous emporte grâce à deux personnages attachants.

    OCS. La comédie comme remède à tout ? Une conviction qui conduira la talentueuse Miss Blackpool au firmament de la comédie britannique. Adaptation réjouissante du Funny Girl de Nick Hornby, la série a reçu le Prix des étudiants au dernier festival Séries Mania

    BOSH, LEGACY

    “Bosch : Legacy” (Prime Video)

    Après sept saisons et soixante-huit épisodes, le détective Harry Bosch (Titus Welliver) a pris sa retraite de la police de Los Angeles. Pas des séries. Cette suite de Bosch renoue avec le flic mélomane, désormais détective privé. Pour le reste, on retrouve une partie des personnages, une Californie à deux visages, entre luxe et misère, et tout ce qui faisait le charme de cette adaptation des romans de Michael Connelly par Eric Overmyer (The Wire, Treme) : une intrigue aux multiples ramifications, un casting impeccable, une attachante mélancolie et un sens du récit qui a tendance à se perdre dans les séries modernes. Un polar old school au meilleur sens du terme. P.L. Télérama TTT/ PRIME VIDEO

    AS WE SEE IT

    PRIME VIDEO

    Le quotidien d’un trio de jeunes autistes, entre apprentissage et galères de boulot et de cœur. Avec ses acteurs eux-mêmes neuroatypiques et son écriture vive, cette adaptation de l’israélienne “On the Spectrum” convainc.

    Rick Glassman, Sue Ann Pien, Albert Rutecki dans « As we see it ». Photo Ali Goldstein / Amazon Studios

    Par Marjolaine Jarry (TELERAMA)

    Trois copains sur un canapé : l’affiche de la série américaine As We See It appartient à cette catégorie d’images allégoriques qui désignent immédiatement la série de potes. De celles qui donnent envie de caler un bout de fesse sur le sofa et de passer un bout de vie avec eux, à l’abri de l’amitié. Ces trois-là ont une particularité (parmi bien d’autres) : ils sont autistes et partagent un appartement thérapeutique. Dans le sillage de la brillante série israélienne On the Spectrum, grand prix du festival Séries Mania en 2018, dont elle est adaptée, As We See It donne résolument le premier rôle à ces trois jeunes adultes, sans pathos ni héroïsation. On est loin de l’imagerie Rain Man avec cette chronique du quotidien, dont nous avons pu voir les quatre premiers épisodes. Au fil des jours, la série s’attache à développer des enjeux ordinaires – se dégoter un boulot ou un amoureux, trouver un programme télé qui fasse l’unanimité pour la soirée – et évoque avec délicatesse les liens en construction du trio.

    Il y a Jack (Rick Glassman) et ses démêlés au travail, où son efficacité n’a d’égal que cet irrépressible besoin d’authenticité qui lui impose de partager avec son chef le constat de l’« intelligence basse » de ce dernier ; Harrison (Albert Rutecki), son hypersensibilité au bruit, sa phobie du monde extérieur ; et Violet (Sue Ann Pien), son désir revendiqué de connaître les joies du sexe avec un type « normal » rencontré sur une application ad hoc, sa déception inconsolable quand ses collègues ne viennent pas à son anniversaire… Sans escamoter la souffrance, l’intensité des crises d’angoisse ni le désespoir qui submerge, le scénariste Jason Katims (ancien pilier de l’écriture de Friday Night Lights) brosse, par petites touches vives et mobiles, le portrait d’individus à part entière, irréductibles à un diagnostic.

    La créatrice israélienne Dana Idisis avait écrit On the Spectrum en pensant à son frère autiste ; Jason Katims, lui, a un fils atteint du même trouble. Pour incarner les trois héros de As We See It, il a fait le choix – qui n’était pas celui de la version israélienne – de confier les rôles à des personnes elles-mêmes neuroatypiques. Rick Glassman, Sue Ann Pien et Albert Rutecki (les deux premiers sont comédiens, le troisième a fait ses premiers pas sur un plateau avec la série) ont en commun la connaissance intime de la différence autistique et la volonté d’incarner à l’écran « des êtres singuliers, analyse Albert Rutecki dans les colonnes de The Independent, qu’on ne peut pas assimiler les uns aux autres sous prétexte qu’ils auraient un dénominateur commun ».

    THE BOYS

    des super “super-héros”

    Dans un monde où les super-héros sont partout, une équipe spéciale de la CIA surveille les activités illégales et déviantes de certains d’entre eux. On les appelle les Boys et la diplomatie n’est pas leur truc. Vous en avez marre des super-héros? Eux aussi! Sens critique

    Irrévérencieux, noir et intelligent : the boys.

    A force de sauver l’humanité, les superhéros ont pris la grosse tête. Pire, ils travaillent pour une toute-puissante industrie, qui monnaye grassement leurs services, de Hollywood au Pentagone, exploitant leur image pour protéger au prix fort les rues d’Amérique, et vendre films, pubs et autres produits dérivés. Adaptée d’un comic de Garth Ennis (Preacher) et Darick Robertson, The Boys, disponible depuis juillet sur Amazon Prime Video, met en scène le face-à-face entre ces Avengers sociopathiques, corrompus, violents et harceleurs, et une équipe de mercenaires brutaux, bien décidés à révéler au public la superarnaque. Une satire explosive du genre cinématographique dominant, bijou pop sanglant qui décapite les Etats-Unis de Trump.

    Deux personnages nous aident à rentrer dans l’univers faussement familier de The Boys. Hughie Campbell (Jack Quaid, fils de Dennis Quaid et Meg Ryan) est un jeune New-Yorkais sans histoire, fan (comme tout le monde) des « Sept », les plus populaires et les plus puissants des superhéros américains. Quand sa petite amie se fait pulvériser, plus ou moins par inadvertance, par l’un d’entre eux, il rejoint « The Boys », un groupe de hors-la-loi qui rêve de mettre à terre l’industrie superhéroïque, mené par Billy Butcher (Karl Urban), un agent spécial franc-tireur britannique. On découvre le monde des superhéros de l’intérieur grâce à Annie January, alias Starlight (Erin Moriarty), la nouvelle recrue idéaliste des Sept… qui va réaliser que son rêve de gamine n’est qu’une façade, et que sous les beaux costumes et les sourires Ultra Brite se cache un système infecte.

    N’en disons pas plus, pour ne pas gâcher les nombreuses surprises des premiers épisodes (certaines sidérantes), qui viennent dynamiter un récit a priori classique. Ce n’est en effet pas la première fois qu’une série se passe dans un monde où les surhommes et les « surfemmes » (encore un terme qui manque à la langue française) se baladent dans les rues à visages découverts – on pense notamment à l’inégale Powers. Le coup de maître de The Boys, c’est de construire un décor familier, de faire des Sept des copies de célèbres héros (un pseudo Superman, Homelander, dirige une équipe composée de pseudo-Wonder Woman, Flash, Aquaman, etc.) pour mieux exploser les codes. Ces sauveurs sont en fait des sociopathes en puissance, des cas psychiatriques d’autant plus dangereux qu’ils sont quasi invincibles.

    La série oscille, avec une énergie renversante, entre jeu de massacre jubilatoire, parfois gore jusqu’au grotesque – âmes sensibles, s’abstenir – et satire sociétale et politique. Les Sept sont un « boys club » où le droit de cuissage est pratiqué et les (rares) superhéroïnes sans cesse harcelées par des hommes complètement immatures, qui pensent que leurs petits fantasmes sont des ordres ou des réalités (l’homme invisible passe sa journée dans les toilettes des femmes…).Télérama, Pierre Langlais

    THE BOYS, 3 SAISONS.

    HOMECOMING

    La nouvelle série du créateur de “Mr Robot” pour Amazon Prime Video est tellement prenante qu’elle se regarde d’une traite. Julia Roberts y campe une psychologue qui, quatre ans après avoir travaillé dans un camp de réinsertion pour militaires, ne se souvient plus de rien. Suspense…

    Par Pierre Langlais (télerama)

    La psychologue Heidi Bergman (Julia Roberts) est en charge des patients de Homecoming, un centre de réinsertion pour militaires fraîchement ouvert par une entreprise privée « pour essayer quelque chose de nouveau ». Dans son bureau aux airs de lounge, elle reçoit de jeunes soldats américains tout juste revenus du Moyen-Orient, et obéit aux ordres d’un patron absent (Bobby Cannavale). Quatre ans plus tard, elle est devenue serveuse et ne se souvient de rien. L’expérience a-t-elle mal tournée ? Un agent du gouvernement mène l’enquête… Homecoming, la nouvelle série du créateur de Mr Robot, Sam Esmail, est l’adaptation d’un podcast éponyme diffusé l’an passé, « une pièce radiophonique où la tension dépend de la psychologie des personnages, pas de l’action », explique le réalisateur. « Cela m’a rappelé ces moments où, enfant, on écoute quelqu’un nous lire une histoire, et l’on imagine ce à quoi elle ressemblerait si nous en étions le héros », s’enthousiasme Julia Roberts. https://www.youtube.com/embed/SIpOgEVvDI4

    Homecoming est une étrange série, hyper stylisée. Un drame court aux épisodes d’à peine trente minutes, au récit déstructuré (avec des sauts incessants dans le temps) et à la mise en scène expérimentale, où Sam Esmail multiplie les plans-séquences et les cadrages inattendus — par exemple, dans les scènes situées « quatre ans plus tard », la taille de l’écran est réduite de moitié. « Cette coupe métaphorique symbolise l’enfermement d’Heidi dans une vision réductrice d’elle-même et le fait qu’elle ne perçoive plus les contours de sa propre existence », analyse-t-il. Une modernité visuelle soulignée par un impressionnant travail sonore, compilation de bruitages troublants, basses et vibrations oppressantes, « parce que le son est encore plus important que l’image pour s’immiscer dans la tête des spectateurs et créer un sentiment inconfortable», poursuit-il.

    Huis clos psychologique, Homecoming joue, comme Mr Robot, sur les limites de la perception et les effets des psychotropes — on inflige aux soldats du centre un mystérieux traitement. Il rappelle aussi Oz et sa prison, le village du Prisonnier et les sessions d’En Analyse. Mais cette série riche en références s’inspire surtout des thrillers d’Hitchcock, De Palma ou Pakula, à qui Sam Esmail rend hommage dans sa BO, intégralement constituée d’airs de Pino Donaggia, Michael Small, et autres compositeurs qui ont accompagné la carrières de ces maîtres du suspense. Il pousse même le vice à choisir un extrait de la musique de Carrie pour l’apparition de la mère d’Heidi, interprétée par Sissy Spacek ! Rythmée, ludique, Homecoming semble avoir été conçue pour être « bingée », consommée d’une traite. Elle se regarde comme un jeu de piste paranoïaque, une énigme aussi confuse que son héroïne, « une femme qui ne sait jamais trop où elle en est et dont on ne peut lire les pensées », résume Julia Roberts.

    LES GENIALES

    *** EXTRAORDINARY ATTORNEY WOO

    Magnifique série. On attend avec impatience la suite en 2024

    WIKI: synopsis : La série raconte l’histoire de Woo Young-woo (Park Eun-bin), une avocate autiste, sur le spectre des troubles du spectre autistique (TSA), qui travaille dans un grand cabinet d’avocats. De plus, elle a un QI de 164, une mémoire exceptionnelle et une façon de penser créative. Cependant elle a une faible capacité de gestion de ses émotions et des compétences sociales classiques limités, mais son sens de l’observation lui permet de compenser et de comprendre ses clients3.

    Les affaires judiciaires de la série soulèvent parfois des problèmes éthiques difficiles à résoudre. Woo Young-woo se distingue souvent par une approche unique de la question qui impressionne ses pairs.

    Un autre thème récurrent est la passion de Woo Young-woo pour les baleines, et les cétacés de manière générale. Cette passion génère souvent de l’incompréhension, voire de l’agacement dans son entourage. Elle parvient régulièrement à résoudre des problèmes de sa vie privée et sa vie professionnelle grâce à des analogies avec le comportement des mammifères marins, lors de moments d’illumination.

    extrait de “sens critique

    C’est la révélation de l’année. Extraordinary Attorney Woo est solaire. Park Eun-bin vue récemment dans The king’s affection, drama historique pour laquelle elle raflait de nombreux prix pour son interprétation d’une jeune femme devant se faire passer pour un prince héritier. Un personnage élégant et racé mais froid. Dans Extraordinary Attorney Woo c’est une révélation tant elle incarne l’extraordinaire avocate Woo. Elle qui dans un premier temps avait refusé le rôle à cause de la difficultés et des risques lié à ce type d’interprétation, crée ici un personnage iconique. Si la série, agréable et bien réalisée et dispose du savoir faire coréen en la matière, c’est avant tout les scènes avec Park Eu Bin que l’on veut voir et revoir. Pourquoi ? Parce qu’elle illumine l’écran. Parce qu’elle dégage un charisme et un charme étonnant. Parce que elle apporte une énergie incroyable et une féminité émouvante. Une douceur cachée sous une détermination fébrile. Un jeu d’acteur fait de moments silencieux à des monologues rapides et hachés et passionnés. Tout est d’une subtilité millimétrée que ce soit dans ses gestes, dans sa démarche chahutée mais élégante,ou dans ses attachantes hésitations. Park Eun-bin fait de l’avocate Woo un être magique, touchant. Une personne qu’on aimerait connaitre tant elle exhale de belles choses.

    De plus, la série apporte une vision intéressante. “Le syndrome d’Asperger est souvent utilisé comme un ressort narratif, dans des séries policières ou médicales, pour brosser des personnages socialement inadaptés mais brillants, qui vont avoir un rôle majeur dans la résolution d’enquêtes par exemple. Il est aussi utilisé comme un ressort dans les comédies, où l’intelligence hors norme du personnage contraste violemment avec son inadaptabilité sociale et donnant lieu à des situations ou à des dialogues comiques”. L’autiste apparait souvent comme un personnage candide, un Fish out of water, qui par opposition fait ressortir nature humaine. De nombreux films et séries ont donc utilisé ce type de personnage avec un trait parfois forcé. Cependant, notre société évolue globalement et favorablement vers la reconnaissance des différences et des minorités. Un contexte qui permet une création plus réaliste et moins caricaturales à l’instar de dramas récents comme It’s oK not to be ok et Move to heaven. Extraordinary attorney Woo amène un traitement frais, léger et bienveillant qui connait à juste titre un énorme succès avec des gimmicks déja repris par les stars coréennes dont le salut entre Woo young Woo et sa meilleure amie. Iconique sans aucun doute. Suite prévue en 2024. A voir sans modération.

    ****** BETTER CALL SAUL

    LA MEILLEURE SÉRIE DE TOUS LES TEMPS ?

    Certains, dont moi, ont pu considérer que cette série est la meilleure de tous les temps. Spin off (dérivée) de “Breaking bad”

    Synopsis wiki.

    James McGill (Bob Odenkirk), dit « Jimmy », est un ancien escroc devenu avocat sous l’influence de son frère Charles McGill (Michael McKean), dit « Chuck », lui-même avocat renommé et partenaire cofondateur du cabinet Hamlin, Hamlin et McGill (HHM). Au sein de HHM travaille Kim Wexler (Rhea Seehorn), compagne de Jimmy qu’il a rencontrée du temps où il travaillait au service du courrier.

    Face aux difficultés qu’il a à faire décoller sa carrière en tant qu’avocat, Jimmy se résout à recourir à des méthodes proches de celles utilisées lors de son passé répréhensible, notamment celles qui lui avaient valu le surnom de « Casse-gueule Jimmy » (Slippin’ Jimmy). Ses manigances, dans lesquelles il entraîne Kim de plus en plus au fil de la série, exacerberont son conflit personnel avec Chuck et monteront jusqu’à un point de non-retour. Elles le mèneront aussi à s’associer au milieu criminel, et notamment celui du trafic de drogue, impliquant en particulier d’autres personnages présents ou mentionnés dans la série Breaking Bad : Mike Ehrmantraut (Jonathan Banks), Nacho Varga (Michael Mando), Gus Fring (Giancarlo Esposito) et Lalo Salamanca (Tony Dalton).

    Au cours de la série, Jimmy endosse le pseudonyme « Saul Goodman », jeu de mots anglophone (ce nom évoque l’expression anglaise It’s all good, man!) auquel il était accoutumé lors de son passé d’escroc. Les évènements évoluent jusqu’à connecter ceux narrés dans Breaking Bad, c’est-à-dire lors de la rencontre de Jimmy avec Walter White et Jesse Pinkman13.

    La plupart des épisodes comportent une introduction préfigurant le dénouement final, postérieur à celui de la série Breaking Bad. Cette narration, présentée en noir et blanc, devient prépondérante vers la fin de la série.

    EXTRAIT DE TELERAMA

    Pourquoi “Better Call Saul” est une série d’anthologie

    Le spin-off de “Breaking Bad” a pris fin ce mardi 16 août, sur une sixième saison aussi remarquable que les autres. Retour sur une série exceptionnelle qui, jusqu’à la fin, a su chérir sa différence.

    Par Michel Bezbakh, Publié le 16 août 2022 à 18h09

    Pendant six saisons, l’histoire de James McGill, alias Saul Goodman, ce drôle d’avocat meilleur en escroquerie qu’en plaidoirie, est restée passionnante de bout en bout. Un petit miracle rendu possible par le talent des scénaristes Vince Gilligan et Peter Gould, qui ont à la fois maintenu le lien avec la série d’origine Breaking Bad, tout en multipliant les ruptures quand cela était nécessaire. On en est devenu accro.

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    Des personnages à l’intérieur des personnages

    L’idée principale de Breaking Bad reposait sur une revanche : un prof de chimie sans histoire et vieillissant, vaguement méprisé par les seules personnes qui pourraient éventuellement l’admirer (ses élèves), finit par endosser le rôle d’un baron de la drogue sanguinaire, craint et respecté par les pires mafieux du coin. Walter White (Bryan Cranston) s’est réinventé en se créant un personnage. Dans Better Call Saul, on apprend que son avocat, James McGill (Bob Odenkirk), a un peu voulu faire la même chose.

    Le drame, c’est qu’il en a tout un éventail. Jimmy la glisse : l’escroc. Jimmy McGill : l’employé de bureau. Saul Goodman : l’avocat. Gene Takavic : le pâtissier. Et que toutes ces personnalités entrent parfois en collision ! À la fin de la saison 6, Gene Takavic, redevenu Jimmy la glisse, s’appuie ainsi sur ce qu’éprouve James (en bout de course, sans famille ni amis) pour tromper un policier et réussir son escroquerie. Quand on arrive à un tel niveau de schizophrénie, ça sent le roussi.

    La mise en scène… mise en abyme

    Si Jimmy est capable de passer d’une personnalité à l’autre, c’est parce qu’il est… metteur en scène. Il faut le voir dans la peau de Jimmy la glisse, ce roi de l’arnaque qui montait de véritables pièces de théâtre, avec son acolyte Marco, pour escroquer des inconnus. Un goût pour les coups montés qui, hélas pour lui, ne va jamais le quitter. On touche peut-être à l’aspect le plus passionnant de la série : observer comment la mise en scène des auteurs rejoint celle des personnages. Vince Gilligan est un scénariste hors pair, mais il se demande aussi en permanence quelle est la meilleure façon de montrer ses histoires. Ce que Michael Slovis, le chef opérateur principal de Breaking Bad, résume ainsi : « On raconte en posant des questions. » (1) Better Call Saul s’inscrit dans cette tradition. Chaque plan est sublime, et pose une question. Jusqu’aux gestes les plus banals, scrutés avec une telle attention que l’on se dit qu’ils doivent cacher un truc. C’est un monde où il est passionnant de regarder quelqu’un passer l’aspirateur ou se faire un café.Bob Odenkirk dans la saison 3 de « Better Call Saul ». Netflix

    Saul, “a good man”?

    Jimmy quittant son rôle de Jimmy la glisse ? « C’est comme si Miles Davis abandonnait la trompette », s’indigne son vieux pote Marco, qu’il abandonne à Chicago pour tenter sa chance au Nouveau-Mexique dans le droit. Dans le droit ! À voir sa façon de défendre une bande d’étudiants coupables d’avoir violé un cadavre (saison 1, épisode 1), on se dit que Miles Davis doit reprendre sa trompette de toute urgence. Jimmy est un escroc, un arnaqueur, c’est sa vocation, il est fait pour ça. Mais il veut être bon. Un mec bien. Il veut devenir a good man, quitte à ne plus être lui-même. L’inverse de Walter White.Image extraite de la saison 1. Netflix

    La valse des sentiments

    Si Jimmy veut être avocat, c’est pour obtenir de son frère, à défaut d’amour, au moins un peu de respect. Chuck est une sommité, l’un des plus grands attorneys des États-Unis. Mais en obtenant son diplôme par correspondance à l’université des Samoa, Jimmy n’a récolté qu’un peu de mépris supplémentaire. C’est le premier coup de boutoir qui lui fait quitter le droit chemin. Le second, mais il ne faut pas trop en dire, viendra de Kim, sa femme. En fait, Jimmy est un sentimental. Et c’est une autre différence essentielle avec Breaking Bad. Alors qu’au fil de la série, on a de moins en moins de compassion pour Walter White, on en éprouve de plus en plus pour ce bon vieux Jimmy.

    Des introductions en guise de conclusions

    Comment ne pas ressentir un peu de tendresse pour cet homme que l’on a retrouvé, au tout début, dans la peau de Gene Takavic, gérant moustachu de la pâtisserie d’un centre commercial du Nebraska ? Car les premières minutes de cette série censée se dérouler avant Breaking Bad montrent Saul Goodman… après Breaking Bad. Ces petits clips de cinq minutes, en noir et blanc, serviront d’introduction aux cinq premières saisons de Better Call Saul. Et de conclusion à la sixième : les quatre derniers épisodes se déroulent après Breaking Bad, sous la neige du Nebraska. Sans spoiler, on peut dire que c’est une façon pour Vince Gilligan et Peter Gould de sceller l’histoire entre Jimmy et Kim (Rhea Seehorn), un personnage qui n’apparaissait pas dans Breaking Bad. Et de rendre ainsi les deux séries quasiment indépendantes.Saison 6

    Le western au bureau

    Better Call Saul est donc d’une tout autre couleur que Breaking Bad, placé sous influence du western et de Sergio Leone. Visuellement, les épisodes de la dernière saison sont même très sombres ; certains se déroulent entièrement de nuit. On n’est plus tout à fait sous le soleil d’Il était une fois dans l’ouest, ni sur une terre vierge et sauvage où la seule loi est celle du pistolet chargé. Plusieurs saisons de Better Call Saul abordent des questions ardues de droit bien étrangères à Breaking Bad. Mais si le bois massif des salles de réunion a remplacé la poussière du désert, on se demande si Jimmy, avec ses costumes trop larges, sa voiture rouillée, son accent du Midwest, ses répliques qui claquent comme des coups de revolver, ne doit pas être pris pour un cow-boy égaré dans un monde qui n’est pas le sien.

    (1) À lire dans l’anthologie Breaking Bad éditée par So Film et Capricci.

    *** FRIDAY NIGHT LIGHTS

    EXCELLENTE SERIE. LE FOOTBALL AMERICAIN (AU DEMEURANT PAS ININTERESSANT), QUI N’EST PAS LE FOOTBALL, NE DEVRAIT PAS EMPECHER L’EUROPEEN DE REGARDER. LA VIE TEXANE ET CELLE DES ADOS EST REMARQUABLEMENT DONNÉE

    Synopsis wiki.

    Dans la petite ville (fictive) de Dillon au Texas, une nuit compte dans la vie de ses habitants, celle du vendredi, soir de match pour les équipes de football américain du lycée… Eric Taylor, nouvel entraîneur de l’équipe de football américain du lycée de Dillon, doit gérer la pression que tout le monde met sur lui ; et tout cela pour un seul et unique but : que son équipe, les Panthers, soit la meilleure du championnat.

    EXTRAIT TELERAMA. Le plus récent de ces classiques (2006-2011) est aussi le plus sous-estimé de notre côté de l’Atlantique. Le quotidien d’un bled du Texas passionné par l’équipe de football américain de son lycée semble, il est vrai, un sujet très, très, très américain. Mais FNL est bien plus que ça, une chronique bouleversante et inspirante, une série ado à part et un regard original sur une Amérique très pieuse qu’on serait tenté de caricaturer. Ajoutez à cela une mise en scène hypersensible, une sublime BO post-rock et un casting à tomber, et c’est le touchdown assuré. – P.L.

    UNE BELLE CRITIQUE DE LA SERIE ICI CLIC P(AR LE BLEU DU MIROIR)

    *** FOR ALL MANKIND

    L’INTELLIGENCE DE CETTE SERIE EST EXCEPTIONNELLE.

    For all mankind, 4 saisons, Série sur la conquête de l’espace qui mêle science, suspense et amours, y compris illégitimes. Remarquable, vraiment remarquable. MB.

    Par Emilie Gavoille (Télérama) Publié le 14 novembre 2019 à 19h00, Mis à jour le 27 juin 2023 à 15h25

    Des salons de l’Amérique profonde aux bars du Texas, jusqu’à la salle de contrôle de la Nasa : derrière leurs téléviseurs, tous l’observent, les yeux écarquillés, cet astre lunaire qui semble désormais à portée de l’humanité. D’un moment à l’autre, c’est sûr, la bannière étoilée flottera au-dessus de la mer de la Tranquillité. Sur les petits écrans, une silhouette en combinaison blanche apparaît, et prend la parole… en russe. Patatras ! Les Américains se sont fait damer le pion par les Soviétiques, premiers à poser le pied sur la Lune !

    Telle est l’idée de départ, très futée, de la nouvelle série de Ronald D. Moore (Star Trek, Battlestar Galactica) pour Apple TV+, la plateforme de streaming récemment lancée par la firme à la pomme. Une uchronie spatiale et sixties, qui réinvente le cours de l’histoire de la course aux étoiles en subvertissant intelligemment la réalité, truffée d’apports fictionnels souvent très vraisemblables. Ed Baldwin, l’astronaute de la Nasa que l’on rencontre dès le premier épisode ? Il n’existe pas. En revanche, ce qui va lui arriver… Deke Slayton (interprété par Chris Bauer, souvent vu chez David Simon) ? À l’image de Wernher von Braun, le père des fusées Saturn V, ou encore de John Glenn, premier Américain à effectuer un vol orbital autour de la Terre, lui a réellement existé. En revanche, ce qui va lui arriver

    Car dès la fin du deuxième épisode, For All Mankind enfonce définitivement le clou de l’uchronie en introduisant dans le récit un élément détonateur (que nous tairons ici pour ménager le suspense) qui nous emmène résolument du côté d’une savoureuse fiction féministe, en immersion dans les coulisses de la Nasa. Si le casting n’affiche pas de visages très connus, la production s’avère rutilante à d’autres égards. En premier lieu du point de vue du rendu visuel, éclatant, précis, presque trop beau pour être vrai (les images de la Lune sont par exemple bizarrement immaculées). Mais aussi du côté de la musique : des Stones à Janis Joplin, beaucoup de stars de l’époque s’incrustent au fil des épisodes. Un peu comme dans Mad Men, référence évidente de la série.

     For All Mankind, sur Apple TV+.

    ** YOUNG SHELDON

    Young Sheldon, une série dérivée, un spin off, pour faire chic de la série “BIG BAND THEORY dans lequel Sheldon est d’une extravagance désopilante.

    *** MAY IT PLEASE THE COURT

    May it please the court“, série coréenne, policière et amoureuse. Les acteurs sont magnifiques et l’intrigue et la mise en scène remarquables.

    FIN DE SERIES, L’EMISSION ET LES PODCASTS DE FRANCE INTER

    CETTE EMISSION S’EST TERMINEE,, EN 07/2019

    CLIC SUR L’IMAGE ACCEDER

    SERIES MANIAQUES

    LES CLASSEMENTS

    LES 50 MEILLEURES SERIES DE TOUS LES TEMPS, SELON TELERAMA

    https://www.telerama.fr/ecrans/les-50-meilleures-series-de-tous-les-temps-selon-telerama-3427-6452002.php

    LES 5 MEILLEURES SERIES DES 25 DERNIERES ANNEES, SELON “PRESSE-CITRON”

    https://www.presse-citron.net/voici-les-5-meilleures-series-des-25-dernieres-annees-selon-les-critiques/

    LES 25 MEILLEURES SERIES DES 25 DERNIERES ANNEES, SELON “GQ MAGAZINE”

    https://www.gqmagazine.fr/article/les-25-meilleures-series-des-25-dernieres-annees

    LES 20 MEILLEURES SERIES DE LA DECENNIE, SELON “LES ECHOS”

    https://www.lesechos.fr/weekend/cinema-series/les-20-meilleures-series-de-la-decennie-1213401

    LES 100 MEILLEURES SERIES DU 21ème SIECE SELON “RADIO FRANCE”

    https://www.radiofrance.fr/mouv/la-liste-des-100-meilleures-series-du-21eme-siecle-etablie-par-200-experts-5038112

    LES MEILLEURES SERIES DE TOUS LES TEMPS, SELON “CNET”

    https://www.cnetfrance.fr/produits/netflix-meilleures-series-tous-les-temps-39899495-ce-mois-ci_1.htm

    LES 10 MEILLEURES SERIES NETFLIX, SELON “LES NUMERIQUES”

    https://www.lesnumeriques.com/serie/netflix-quelles-sont-les-10-meilleures-series-de-la-plateforme-de-streaming-a213225.html

    LES MYTHIQUES

    *** BREAKING BAD (2008)

    LE LIEN VERS WIKI

    UN PODCAST FRANCE INTER : Retour sur la création de la série Breaking bad, l’écriture des personnages de Vince Gilligan, le casting phénoménal de cette série portée par Bryan Cranston et Aaron Paul… En quoi cette corruption filmée a-t-elle su séduire le public ? En gros, pourquoi Breaking Bad est un chef d’œuvre?

    UN ARTICLE (KONBINI)

    Quand Vince Gilligan pitche sa série à Bryan Cranston, l’acteur qu’il souhaite recruter dans le rôle de Walter White, il lui dit “C’est Mr. Chips qui rencontre Scarface” (en référence au film Au revoir Mr. Chips, 1939).

    Scénariste pour la télévision depuis les années 1990, l’homme a une idée en tête. Il veut démonter le modèle du protagoniste principal qui n’évolue pas, et surtout pas en mal. Il arrive au bon moment : depuis Les Soprano, la figure de l’antihéros en pleine crise existentielle a la cote. Mais personne n’a encore pensé à créer une série où le héros devient un vrai bad guy, du genre qui fait froid dans le dos.

    Le deuxième parti pris audacieux et malinc’est d’imaginer que le héros a un cancer du poumon en phase terminale. Un peu comme pour Titanic, les chances que la série finisse bien sont minces. L’ambiance, posée en saison 1, est de toute façon sombre, très sombre. L’humour est noir, ou jaune. Walter White, ce timide prof de chimie qui se lance dans la préparation de meth bleue quasi pure (99,1 %) pour laisser assez d’argent à sa famille quand il mourra, va faire équipe avec Jesse Pinkman (Aaron Paul). Dès le deuxième épisode, ils se retrouvent à devoir faire disparaître un corps à l’acide hydrofluorique.

    Cinéma + série ⇢ Breaking Bad²

    Les séries ont toujours eu ce complexe d’infériorité par rapport au cinéma. Créées pour accompagner des espaces de publicité, elles se sont peu à peu affranchies de leur utilité première pour devenir des objets d’art à part entière. Vince Gilligan connaît bien le milieu télé et les codes de narration de la série : il a œuvré comme scénariste pour X-Files pendant sept ans. Lui qui souhaitait travailler dans le cinéma à ses débuts va pouvoir fusionner les formats série et ciné avec Breaking Bad, sans trahir l’esprit de l’un ou de l’autre.

    Le point de départ de Breaking Bad est certes intrigant, mais le pitch tient dans un mouchoir de poche. Toute la réussite du show dépend de son exécution : en bon scénariste de série, Vince Gilligan a appris à coller aux basques de ses personnages, à commencer par celles de Walter White, l’homme qui va mal tourner. Pour interpréter ce prof random, père de famille aimant qui va se laisser griser par le pouvoir et l’argent, il fallait toute l’humanité d’un Bryan Cranston, acteur qui avait tapé dans l’œil de Vince Gilligan depuis un épisode de X-Files.

    Sa transformation au fil des cinq saisons, autant physique que psychologique, est aussi précise que stupéfiante. Si Bryan Cranston, que le showrunner a eu du mal à imposer car il sortait d’un rôle très comique (Hal dans Malcolm), tient en grande partie la série sur ses épaules (en témoigne ses quatre Emmys et son Golden Globe du meilleur acteur), il n’est évidemment pas le seul à briller.

    Son “partner in crime”, Jesse Pinkman, va permettre à Aaron Paul de devenir une star, doublée d’une icône pop avec ses fameux “Yo, bitch!”. Un sacré exploit sachant que Vince Gilligan prévoyait de tuer le personnage à la fin de la première saison. Mais si le showrunner a un plan bien précis en tête (cinq saisons, pas plus, on part d’un point A pour aller vers un point B), il sait aussi accueillir les bonnes surprises.

    Jesse et Walt, une relation complexe

    Plus Walt avance vers le côté obscur de la force, plus Jesse s’humanise, au point de devenir le baromètre émotionnel de la série. Ce fils spirituel représente bien souvent la conséquence des actes de son mentor. La première scène vraiment dérangeante – qui témoigne d’un début de perte de la notion du bien et du mal chez l’ex-prof de chimie –concerne Jane, la petite amie toxico de Jesse. Alors, certes, elle a une mauvaise influence sur le jeune homme, mais Walt recourt à une méthode pour le moins radicale pour régler le souci : il laisse la jeune femme mourir, étouffée par son propre vomi (saison 2, épisode 12). Cette scène a marqué à jamais son interprète, qui en parlait récemment les larmes aux yeux dans un talk show.

    Cet acte de “non-assistance à personne en danger” aura des conséquences lourdes, d’abord sur Jesse, anéanti par cette perte, mais aussi sur bien d’autres personnes innocentes : le père de Jane, contrôleur aérien, tout aussi dévasté par cette perte, provoquera un crash d’avion à la suite d’une erreur d’inattention. Walter découvrira des débris de l’avion dans sa piscine.

    Plus tard, en saison 4, il ira jusqu’à empoisonner le jeune fils d’une amie à Jesse, Brock, pour donner une bonne raison à son complice de s’en prendre à Gus Fring. Cette intrigue va dévaster une nouvelle fois le jeune homme émotionnellement fragile, qui suspecte Walt, avant de se raviser, puis de découvrir le pot aux roses. D’autres seconds rôles dramatiques, notamment du côté de la famille (son fils handicapé Walter White Jr., sa femme Skyler, son beau-frère Hank) auront un impact important, voire déterminant sur le show. Ils reflètent, chacun à leur manière, la descente aux enfers de Walt.

    Car derrière ses atours badass et ses répliques cultes, BB parle de sens moral, de crise existentielle (surtout celle du mâle blanc cinquantenaire mais pas que), de la responsabilité de nos actes, de leurs conséquences, ou encore de l’importance du noyau familial.

    Sous influence ciné

    À cette profondeur de la narration propre aux séries s’ajoute l’amour de Vince Gilligan pour le septième art. La réalisation ultra-soignée regorge de trouvailles (cet épisode qui s’ouvre sur ce que voit un aspirateur robot) et a plus à voir avec un film qu’une série où, traditionnellement, le script prime. Les scènes d’action sont souvent courtes (l’attaque des cousins Salamanca contre Hank, la fin de Gus Fringl’explosion en fin de saison 1, la dernière scène façon McGyver où Walt vient sauver Jesse avec une voiture mitrailleuse) mais explosives et d’une redoutable efficacité.

    Le parcours criminel de Heisenberg est jalonné de méchants d’anthologie tarantinesques : big up à Hector Salamanco, à Gus Fring et sa mort incroyable, et finalement à Heisenberg himself. On pense à Reservoir Dogs et plus encore à Pulp Fiction (avec des hommages plan par plan de Vince Gilligan).

    Breaking Bad convoque le souvenir d’autres chefs-d’œuvre du grand écran tels que Le Parrain (pour le parcours de Michael Corleone comparable à celui de Walter White), Il était une fois dans l’Ouest  (la série a des airs de western moderne jusque dans le soleil écrasant d’Albuquerque, Nouveau-Mexique) et autres films signés Sergio Leone, Une nuit en enfer ou Casablanca pour l’ambiance film noir.

    La scène culte

    Difficile de n’en choisir qu’une tant la série enchaîne les morceaux de bravoure. Certains épisodes, comme “Fly” (une mouche dans le labo rend dingue Walt),”Face Off” (la fin de Gus) ou “Ozymandias” sont inoubliables. On aurait pu opter pour l’iconique scène “Say my name“, mais le fameux “I’m not in danger, I’m the danger” (saison 4, épisode 6) adressé lors d’une conversation animée avec sa femme, Skyler (Anna Gunn), qui a peur et propose de se rendre à la police, est un must.

    La scène exprime à merveille toute la thématique de la série : Skyler décrit le Walt des débuts (“un prof atteint d’un cancer, prêt à tout pour gagner de l’argent”) en imaginant ce qu’ils pourraient dire à la police. Mais l’homme qui se tient devant elle n’est plus le gentil prof de chimie. Non, c’est un criminel aguerri, qui n’est pas en danger, mais le crée. Il se charge de l’expliquer à sa femme, qui réalise alors à quel point l’homme qu’elle a épousé n’est plus celui qui lui fait face.

    Plus tard, à la toute fin de la série, c’est encore à Skyler que Walt avoue : “Toutes les choses que j’ai faites, je les ai faites pour moi. J’y ai pris du plaisir. J’étais vivant.”

    Phénomène pop

    Breaking Bad n’est pas la première série à devenir un phénomène de pop culture : Friends, Lost, Mad Menou Les Simpson sont là pour le prouver. Il n’empêche, l’amour des fans pour la série semble se bonifier avec le temps. Un laboratoire à cocktails façon van de Breaking Bad sillonne l’Europe, un coffee shop a ouvert à Brooklyn, et même les braqueurs se griment en Heisenberg et son iconique couvre-chef. Les fans du show cassent leur tirelire pour se payer un tour des lieux de tournage à Albuquerque et balancer une pizza sur la maison qui a servi de décor à cette fameuse scène.

    La série est citée dans des films (le couple de Nos pires voisins déguise son enfant en Heisenberg), les répliques cultes (“Say my name”, “Yo, bitch!” a eu son appli, “I’m the danger”…) ne cessent d’être reprises ici et là. Le pop art s’est emparé du phénomène. Au passage, Aaron Paul et Bryan Cranston ont gagné des fans fidèles qui les suivent dans leurs nouvelles aventures ciné ou sérielles.

    Au moment de la diffusion du show, l’engouement populaire a aussi été marquant. En général, une série voit ses audiences baisser au fil de sa vie. Seules les grandes montent. Le pilote de Breaking Bad avait attiré 1,41 million de curieux lors de sa diffusion le 20 janvier 2008. Ils seront 10,3 millions d’accros à suivre le series finale le 29 septembre 2013.

    Son arrivée sur le catalogue Netflix quelque temps plus tard, carrément saluée par Vince Gilligan, permet depuis à de nombreux spectateurs de (re)découvrir la série, d’échanger sur des points d’intrigue, des petits indices méta, d’analyser la symbolique de Breaking Bad, bref de continuer de faire vivre le show bien après sa fin.

    Les héritiers

    Si Breaking Bad a pu être comparée à d’autres séries comme Les Soprano, son mélange d’influences ciné et d’écriture sérielle est si singulier et si propre à son créateur, Vince Gilligan, qu’on ne voit pas vraiment qui mieux que lui peut faire perdurer l’esprit BB.

    On notera que la réalisation, aussi inventive et soignée que celle d’un film, a influencé la production sérielle des années suivantes, de True Detective au récent The Night Of. 

    On pense logiquement au spin-off de BB, Better Call Saul, qui a vu le jour sur AMC (et Netflix chez nous) en 2015 et se penche sur le personnage de Saul Goodman (Bob Odenkirk) avant qu’il ne devienne cet avocat aussi drôle que véreux et amoral. Encore une trajectoire de mâle en pleine crise qui va perdre un peu de son âme.

    On identifie d’emblée quelques marottes propres à Vince Gilligan (un héros sympathique bientôt capable du pire, des problèmes de famille, une fine psychologie, une réal aux petits oignons, une intrigue qui prend son temps et s’accélère d’un coup, une palette de couleurs bien précise…), mais BCS est plus lumineuse et légère que Breaking Bad. Pour le moment du moins.

    La série qui a peut-être le plus de Breaking Bad en elle, c’est Fargo, son humour grinçant, ses personnages a priori banals et sa superbe réalisation. On détecte un peu de Walter White chez Lester, le petit gars sympa de la première saison de Fargo, interprété par un autre acteur caméléon, Martin Freeman.

    Achevée en 2013, Breaking Bad reste une série très récente. Elle n’a probablement pas fini d’inspirer les futurs scénaristes. Mais le show appartient aussi à cette époque déjà presque révolue, du règne de l’antihéros débuté avec Tony Soprano, poursuivi par Don Draper et achevé par Walter White.

    ** MAD MEN (2007)

    LE LIEN WIKI

    Synopsis

    Créée par Matthew Weiner, Mad Men est une série américaine de la chaîne AMC diffusée depuis le 19 juillet 2007. En France, après l’avoir suivi sur TPS Star, les téléspectateurs peuvent la retrouver sur Canal+ depuis le 2 novembre 2008 et sur Série Club depuis le 2 septembre 2012.A l’instar de ce qui avait été fait pour Breaking Bad, la septième et dernière saison de Mad Men est diffusée par AMC en deux parties. Les sept premiers épisodes de cette ultime saison sont diffusés entre le 13 avril et le 25 mai 2014 tandis que les sept derniers épisodes de la série sont attendus pour le début de l’année 2015.SynopsisLes “fous” de Madison Avenue (le “mad” de Mad Men) ne sont pas des tendres : ni avec les professionnels, ni avec les femmes. L’univers de la publicité, dans le New York des années 1960, est en mutation : la société de consommation a pris un nouveau virage que les publicistes ne doivent pas rater.A commencer par Don Draper, l’un des plus brillants de sa génération. A la tête du cabinet publicitaire Sterling Cooper, ce personnage cynique est un véritable requin, un homme prêt à tout pour imposer ses vues et se faire une place en or. Sans faux semblant, il mène son petit monde à la baguette, forcé de montrer les crocs devant les jeunes ambitieux, à l’image de Pete Campbell. Mais saura-t-il tenir le choc ?Production et receptionLa série compte au total 92 épisodes de 46 minutes répartis sur 7 saisons. Si au départ la série a eu du mal à s’imposer, AMC a bien fait de lui laisser sa chance puisqu’au fil de ses saisons, Mad Men a su s’imposer comme une série phare des années 2010.Elle a ainsi remporté 4 Golden Globes de la meilleure série dramatique (2008, 2009, 2010 et 2011) et a valu à Jon Hamm un Golden Globe du meilleur acteur dans une série dramatique (2008). Mais Mad Men a également remporté des prix au Festival de télévision de Monte-Carlo, aux Directors Guild of America Awards et aux BAFTA.CastingAvec Jon Hamm, Elisabeth Moss, Vincent Kartheiser, Christina Hendricks, John Slattery, January Jones, Michael Gladis, Kiernan Shipka, Jared Harris, Robert Morse, Rich Sommer, Aaron Staton, Alison Brie, Christopher Stanley, Matt Long et Jessica Paré.

    UN ARTICLE DE VL MEDIA Fanny Lombard Allegra

    En 2007, nous faisions la connaissance de Don Draper, le héros de Mad Men. Une série acclamée par la critique, qui a durablement marqué les esprits et qui arrive sur Amazon.

    C’est quoi, Mad Men ? Au début des années 1960 à  Manhattan, les grandes agences de publicité se concentrent sur Madison Avenue, ce qui vaut aux créatifs le surnom de Mad Men.. Cadre de l’agence Sterling Cooper, le génial Don Draper (Jon Hamm) tente tant bien que mal de concilier vie professionnelle et vie privée, tout en préservant un lourd secret lié à son mystérieux passé. De son côté, Peggy Olson (Elizabeth Moss) débute comme simple secrétaire, mais elle a d’autres ambitions et compte bien faire carrière malgré le machisme ambiant. Mais l’époque est marquée par des bouleversements sociaux et économiques, et Don et son entourage doivent s’adapter aux évolutions de la société. 

    A écouter aussi : Retour sur l’aventure Mad Men dans La loi des séries

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    Lorsque s’achève Les Soprano, où il a travaillé aux côtés de David Chase en tant que scénariste et producteur, Matthew Weiner tente de vendre son nouveau projet, Mad Men, aux chaînes du câble. Aucune ne donne suite, à l’exception de AMC qui souhaite désormais produire ses propres séries. Diffusé en Juillet 2007, le pilote réalise une audience assez modeste, bien que supérieure à celles généralement réalisées par la chaîne. Toutefois, la série retient d’emblée l’attention des médias, notamment séduits par son esthétisme. Ce sera une constante: sans jamais réaliser des cartons d’audience aux États-Unis, la série bénéficiera toujours de critiques dithyrambiques et sera couronnée d’une pluie de récompenses. A l’instar de The Wire, Mad Men devient une série de prestige, une série-culte couverte d’éloges et suivie par un petit groupe de fidèles.

    Don Draper, quintessence du Mad Man

    Mad Men, c’est d’abord l’histoire de Don Draper, magnifiquement interprété par Jon Hamm, dont on suit les déboires professionnels et les crises conjugales. Draper, c’est un séducteur qui sent bon le tabac et la testostérone, une caricature de mode à la Cary Grant qui envoûte ses clients et les femmes. Un self-made man au passé obscur, devenu publicitaire par hasard, au sein de l’agence Sterling Cooper. Et un créatif de génie, qui vous sort ses meilleurs slogans au terme d’un processus créatif qui consiste le plus souvent à s’allonger sur un canapé, un old fashioned dans une main et une cigarette dans l’autre, en attendant que survienne une idée géniale… En privé, c’est une autre histoire. Installé dans une maison de banlieue, il est marié à une ancien mannequin, Betty. Parfaite mère de famille, elle s’occupe de leurs deux enfants et prépare le dîner, en attendant que son mari rentre du travail, entre deux contrats et deux relations extra-conjugales. Bien qu’il aime ses enfants et sans doute aussi sa femme (même s’il se montre souvent méprisant envers elle), Don est un père de famille défaillant et absent. Et pour cause : Don Draper n’est pas celui qu’on croit. Cultivant le secret et le mystère, il est hanté par un passé obscur et des démons intérieurs qui l’empêchent de s’épanouir et de s’attacher. 

    On pourrait s’appesantir sur le sujet, déterminant dans l’histoire relatée par la série ; mais comme il s’agit du rebondissement principal (et même s’il survient en saison 1), nous vous ferons grâce du spoiler… En tous cas, ses zones d’ombre, ses doutes et ses failles font de Don Draper un personnage fascinant.  Moins violent que Tony Soprano par exemple, il reste un anti-héros tout aussi sombre et torturé, un homme égoïste, cynique et prétentieux pour lequel il est difficile de ressentir de la sympathie. Au fur et à mesure qu’il est rattrapé par son passé, Don Draper va perdre pied, dans une chute inexorable telle que l’illustre le superbe générique de Mad Men.

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    L’action se déroule essentiellement au siège de l’agence Sterling Cooper, sorte de microcosme où Draper dirige une équipe de créatifs et soumet ses idées à ses clients. Il y noue  des relations avec ses supérieurs et les autres employés de l’agence, ces rapports évoluant  entre conflits, rivalités, amitié et respect, au fil des événements et au gré des changements qui surviennent dans l’agence avec l’arrivée de nouveaux actionnaires ou de nouveaux propriétaires. 

    Aux cotés de Don évoluent ainsi toute une galerie de personnages. Pour ne citer que les principaux, on retiendra Peggy Olson (Elizabeth Moss), jeune secrétaire en proie au harcèlement sexuel et à la condescendance de ses collègues masculins, qui parvient à force d’obstination à briser le plafond de verre pour devenir la première femme publicitaire de l’agence. Ou encore la plantureuse Joan (la flamboyante Christina Hendriks) qui cherche à concilier sa vie professionnelle et sa vie sentimentale, et se sert de tous ses atouts (notamment physiques) pour arriver à ses fins. Du côté des hommes, nous avons les deux associés de l’agence, Roger Sterling (John Slattery), homme à femmes et mentor de Draper, et l’excentrique vétéran Bertram Cooper (Robert Morse), ou par exemple Pete Campbell (Vincent Kartheiser), jeune publicitaire prometteur et ambitieux. Enfin, Betty Draper (la blonde January Jones, très Grace Kelly), ex-mannequin piégée dans un rôle de  femme au foyer dont elle hésite à s’affranchir. Autant de personnages, tous parfaitement interprétés, qui gravitent dans l’orbite de Draper et  dont on suit l’évolution dans des intrigues annexes plus ou moins indépendantes.

    En lui-même, le scénario de Mad Men suffit déjà à en faire une série intéressante. Mais soyons honnêtes : ce n’est pas ce qui a fait le succès de la série. Dès le départ, Mad Men a été unanimement saluée pour son esthétisme,son ambiance glamour dénuée de vulgarité, sa mise en image recherchée et raffinée, et surtout pour la manière dont elle retranscrivait à l’écran les années 1960. Lorsqu’on évoque une série d’époque, on insiste souvent sur la qualité de la reconstruction, à travers les décors et les costumes. Dans le cas de Mad Men, cet aspect a acquis une dimension inédite, jusqu’à en faire un phénomène de société. Rapidement, les magazines et les médias se sont emparés de la série-culte pour illustrer le retour à la mode et au design des années 60. Les tenues vintage, les coiffures, le maquillage, le mobilier d’époque et le papier peint kitsch sont devenus des musts.  Au point que le  New York Magazine, par exemple, a dédié une rubrique hebdomadaire au look des héroïnes, expliquant à ses lectrices comment s’habiller comme Joan ou Betty Draper… L’influence de la série sur la mode ne s’est pas arrêtée au papier glacé : le style Mad Men a inspiré des marques aussi diverses que Jil Sander, Prada, Top Shop ou Zara, et Banana Republic lui a même consacré plusieurs collections. Jupes à godet, robes de pin-up, stilettos, pulls jacquards, costumes croisés, foulards, imprimés vintage, colliers de perle, sacs bowiling, ballerines, pantalons 7/8… C’est toute une mode, élégante et glamour, qui a déferlé sur les podiums, dans les magasins et dans la rue.

    Cela pourrait sembler anecdotique. En réalité, l’influence évidente de Mad Men sur la mode n’est qu’un des aspects de l’impact qu’à eu la série. Les personnages fument comme des pompiers, boivent comme des trous, et les hommes couchent à droite et à gauche. Entre pression patriarcale et aspirations personnelles, les femmes commencent à s’émanciper et à sortir du rôle de jolies poupées auquel elles sont cantonnées. John Fitzgerald Kennedy est président, l’homme marche sur la lune, et les stars s’appellent Marilyn Monroe ou James Steward. L’économie est en plein boom, on assiste à la naissance d’une société de consommation portée par de nouveaux produits, la notion d’obsolescence programmée, celle de cible marketing, l’importance du marché de l’automobile, l’émergence de nouveaux médias comme la télévision… et, bien sûr, de la publicité. En 2007, alors que nous sommes englués dans les crises politiques, économiques et sanitaires, entre subprimes, défiance envers les dirigeants et principe de précaution érigé en norme, Mad Men fait souffler un vent de nostalgie en mettant en lumière des années 60 fantasmées.

    Mais dans le même temps, la série entre aussi en résonance avec nos doutes et nos angoisses : les 60s deMad Men, ce sont aussi celles de la fin d’une époque… et du début d’une nouvelle ère. Au-delà des costumes et des décors, Mad Men a su recréer toute une atmosphère, intégrant au récit des faits historiques vécus par les personnages, et qui font entièrement partie de l’histoire. Le suicide de Marilyn Monroe, l’assassinat de Kennedy, la menace de la guerre froide, l’émancipation féminine, la remise en cause de la domination masculine et, partant, la réaction des héros face à ces bouleversements : tous ces éléments soulignent l’évolution de la société. Certains restent monolithiques, sclérosés dans leur mode de pensée (Pete Campbell ou Betty Draper par exemple), quand d’autres suivent le mouvement et s’adaptent au changement. A ce titre, le personnage le plus emblématique est certainement Peggy,  qui parvient à s’imposer en tant que femme dans un monde d’hommes – au prix de sa vie familiale.

    Mad Men est-elle un chef d’œuvre indispensable, comme on le dit souvent ? Ça se discute… Elle l’est, si l’on se borne à considérer son impact culturel et social. Mais en tant que série à proprement parler, on ne saurait être aussi catégorique – beaucoup de spectateurs sont restés hermétiques à Mad Men. L’intrigue ne s’appuie pas sur l’action ou sur des cliffhangers spectaculaires ; elle repose sur de brillants dialogues, l’ambiguïté des situations et la complexité des relations. Mais certains épisodes ou intrigues secondaires sont moins réussis, et on peut trouver l’ensemble ennuyeux… Il faut laisser du temps à Mad Men, mais aussi passer outre une certaine froideur. Le soin extrême voire maniaque apporté à l’arrière-plan frôle souvent  l’affectation,  donnant à la série un côté clinique qui rend difficile l’immersion du spectateur. Mad Men est donc une série qui peut paraître difficile d’accès, et  ce n’est pas une série que l’on regarde d’une traite ou dont on attend impatiemment l’épisode suivant. Non : pour les amateurs, elle se savoure, elle se déguste comme un bon whisky…  

    Il y aurait beaucoup à dire sur Mad Men. D’ailleurs, la série a fait couler beaucoup d’encre et a même fait l’objet de très sérieuses études universitaires. A travers le parcours de son héros, le magistral Don Draper, Mad Men reflète à la perfection les changements survenus dans la société des années 60. Souvent présentée comme l’une des meilleures séries de ces dernières années (voire de l’Histoire de la télévision), elle peut pourtant rebuter certains spectateurs, réfractaires à sa lenteur et à la froideur de son atmosphère. Elle s’est pourtant imposée comme une série-culte, ne serait-ce que pour l’impact et l’écho qu’elle a rencontrés. C’est ce qui fait encore de Mad Men, 10 ans après, une série incontournable.    

    Mad Men (AMC)
    2007-2012.
    7 saisons de 92 épisodes.

    Fanny Lombard Allegra

    Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n’a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d’un syndrome de stress post-Breaking Bad

    *** LES SOPRANO (1999)

    Pourquoi Les Soprano est la meilleure série de tous les temps

    FNAC 04 novembre 2021 Par Lisa Muratore

    Plusieurs fois récompensée, Les Soprano, s’est imposée dès 1999 comme une série emblématique du petit écran. Entre révolution et hommage aux sagas mafieuses, elle est devenue une œuvre indétrônable.

    Après avoir marqué l’univers de la télévision, Les Soprano sont de retour au cinéma, avec le prequel Many Saints of Newark : Une Histoire des Soprano. Sorti le mercredi 3 novembre dans les salles obscures françaises, le long-métrage réalisé par Alan Taylor retrace l’ascension de Dickie Moltisanti. Ce dernier est l’oncle du célèbre Tony Soprano, à qui Michael Gandolfini prêtera ses traits après que son père, le regretté James Gandolfini, ait campé ce rôle dans le show. Une occasion rêvée de replonger dans l’univers de cette famille aussi passionnante que dysfonctionnelle sur fond de mafia crapuleuse. L’occasion aussi de comprendre comment la série créée par David Chase a su s’imposer comme l’une des meilleures de tous les temps. À ce jour, le programme produit par HBO a récolté plus de 200 nominations et 100 récompenses lors de plusieurs cérémonies comme les Emmys Awards, les Golden Globes ou encore les Television Critics Association. La sortie du film était un bon prétexte pour revenir sur les aventures du Parrain ultime du petit écran.

    La recette d’une série culte : entre renouveau et hommage à l’univers des gangsters

    Avant, les récits sur les gangsters appartenaient au cinéma. Sergio Leone, Francis Ford Coppola, Martin Scorsese, Brian de Palma ou encore Henri Verneuil ont fait de ces criminels les personnages centraux de leurs histoires. Au fil du temps, les films de mafieux se sont diversifiés. Les costumes trois pièces et les borsalinos ont laissé place à des adaptations plus modernes. Le format a également changé et les règlements de comptes se sont invités du côté des séries. D’abord en 1984 avec le feuilleton La Mafia puis plus récemment avec Boardwalk Empire ou des shows populaires comme Peaky Blinders et Narcos. De New York à Mexico en passant par Birmingham, les aventures de ces hors la loi ont passionné plusieurs millions de téléspectateurs et abonnés aux plateformes de VoD.

    Difficile d’évoquer les films et les séries de gangsters sans faire référence à son vivier principal : la mafia italienne. Depuis deux décennies, les vendettas et les magouilles de ces protagonistes aussi captivants que violents n’ont cessé de fleurir sur nos écrans. Une omniprésence en grande partie justifiée par l’impact des Soprano, qui a revisité les codes de la saga mafieuse, notamment à travers son personnage phare : Tony Soprano.

    Michael Gandolfini et Alessandro Nivola dans The Many Saints of Newark, le prequel des Soprano.©Warner Bros/Barry Watcher

    À lui seul (ou presque), il représente l’essence de la série. À travers une ambivalence aussi charismatique qu’attachante, James Gandolfini est parvenu à offrir une interprétation magistrale du baron de la mafia. Là où cette figure emblématique du septième-art a toujours été représentée comme un adversaire redoutable, David Chase a redistribué les cartes en choisissant de raconter le parcours d’un mafieux au bord de la crise de nerfs. Le créateur de la série a fait évoluer l’image du criminel, en lui offrant notamment une (certaine) moralité et en faisant de lui un père de famille, mais aussi celle de l’anti-héros en lui offrant davantage de profondeur. La sensibilité de Tony est souvent contrastée par la violence que l’on attend de ce chef de gang, notre héros étant ainsi le reflet d’une dualité passionnante.

    Ce constat s’applique également à tous les personnages des Soprano, que ce soit Carmela, l’Oncle Junior ou Christopher Moltisanti. La série apparaît comme le format idéal pour offrir une appréhension travaillée des personnages. Elle a par ailleurs su le faire avec une élégance frôlant la perfection en filmant une galerie de protagonistes remplis de contradictions, de faiblesses et de névroses.

    Tony Soprano et ses « soldats » dans la série Les Soprano.©Warner Bros International Television/HBO

    Pour autant, Les Soprano n’oublie pas de conserver les codes des œuvres mafieuses érigées avant elle. Les fusillades, les règlements de comptes ou encore la menace du FBI sont monnaie courante. Si les scènes d’action sont aussi surprenantes qu’éphémères, elles n’en sont pas moins jouissives et rappellent les bons vieux classiques du genre.

    Le programme s’invite dans notre quotidien et dans celui de nos séries modernes. Ces dernières ont considérablement évolué sous l’influence de ces personnages emblématiques mais aussi grâce à une mise en scène unique. Là où la plupart des shows faisaient monter la tension en se concluant sur des cliffhangers haletants, Les Soprano préfère terminer sur des notes absurdes et anodines. Un repas de famille, Tony isolé ou encore la vie courante de ses soldats… Tout est finalement prétexte à dénouement. La série a également fait du format 45 minutes – 1 heure celui de nombreuses productions, sans parler du budget colossal alloué désormais aux tournages des épisodes.

    Un succès qui attire les superstars d’Hollywood

    Que ce soit devant ou derrière la caméra, de nombreux artistes reconnus ont contribué au succès de la série. On se souvient notamment de Steve Buscemi, l’acteur de Reservoir Dogs qui a prêté ses traits au cousin de Tony Soprano, mais aussi Lorraine Bracco, Michael Imperioli ou encore Tony Sirico, ces derniers ayant évolué auparavant aux côtés de Martin Scorsese pour Les Affranchis. En coulisses, Les Soprano est orchestrée par un David Chase bien inspiré, qui a également pu compter sur les talents d’un clan de scénaristes prometteurs parmi lesquels on retrouve Matthew Weiner, le créateur de Mad Men et Terence Winter, l’auteur à qui l’on doit Boardwalk Empire.

    Perçue comme un personnage unique de la série, la bande-originale a également été saluée à travers les six saisons. Chaque morceau a été choisi avec soin par David Chase aux côtés du producteur Martin Bruestle et de la responsable de la musique, Kathryn Dayak. Les styles sont variés, chaque générique dévoile une nouvelle chanson et certaines scènes ont été pensées et tournées uniquement pour accompagner un morceau choisi au préalable.

    James Gandolfini et Edie Falco dans Les Soprano.©Warner Bros International Television/HBO

    L’onde de choc des Soprano à travers le temps

    Au moment de sa diffusion, Les Soprano se nourrit de la pop culture. L’exemple le plus parlant reste Silvio Dante (Steven Van Zandt), une copie assumée et amusante d’Al Pacino dans Scarface. Or, ce qu’on ne réalise pas encore au moment du series premiere, c’est que le show est sur le point de devenir un objet de pop culture à lui tout seul. Les Simpson, American DadSNL et même Coca Cola vont réutiliser les codes des Soprano et plus particulièrement son générique bercé par les notes de « Woke Up This Morning » d’Alabama 3. Le clan de Tony n’est plus seulement une famille du petit-écran : il est un modèle à suivre dans le paysage audiovisuel.

    Les Soprano est le reflet d’une certaine société. David Chase dépeint l’Amérique à la fin du XXe siècle à travers les yeux de la communauté italo-américaine. Leur héritage culturel tient une place majeure dans la série. Les personnages tentent de se construire, tiraillés entre la nostalgie de leur Italie natale et leur place dans une Amérique républicaine. Les Soprano met en scène les limites du rêve américain et le rejet d’une génération qui n’arrive pas à se positionner dans la société. Des problématiques encore actuelles et qui nous rappellent à quel point le show porté par James Gandolfini est intemporel.

    Affiche de la saison 5 de la série Les Soprano.©Warner Bros International Television/HBO

    Les Soprano a renversé l’univers des séries autrefois dominé par les sitcoms. Elle est encore aujourd’hui considérée comme un élément incontournable de la culture du divertissement. Son casting multi récompensé et son analyse psychologique, sociétale parfois métaphysique en ont fait une œuvre fondamentale. La série mafieuse est devenue une véritable session de thérapie pour ses personnages mais aussi pour son public.

    ** THE WIRE

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    EXTRAIT RADIO FRANCE. La ville de Baltimore sous toutes ses coutures ou presque. C’est le tour de force réalisé par l’immense David Simon, qui signe avec The Wire l’une des meilleurs séries de tous les temps.

    Quand la série débute en 2002, on pense d’abord avoir affaire à une assez classique enquête policière sur le démantèlement d’un gang de trafiquants de drogue. Mais les téléspectateurs vont vite se rendre compte que The Wire est bien plus que ça.

    Bien sûr, on s’intéresse ici aux gangsters des quartiers noirs de Baltimore, et on découvre aussi le quotidien des policiers de la ville.

    Certains sont racistes et volontiers bagarreurs, d’autres sont démotivés ou corrompus, d’autres enfin, tentent de faire bouger les choses, et malgré les faibles salaires, travaillent jour et nuit sur leurs enquêtes. 

    Mais, très vite, le panorama s’élargit et on plonge aussi dans l’univers des juges, des dockers du port de Baltimore, des politiciens, des enfants, des professeurs, des journalistes et des toxicomanes, qui n’ont aucun mal à trouver de l’héroïne, tant certains quartiers de la ville sont gangrenés par le trafic. 

    Le tout avec un impressionnant souci du détail. Le réalisme de The Wire transparaît notamment dans les dialogues, qui font la part belle à l’argot du Maryland.

    C’est un ancien journaliste et écrivain qui a créé “The Wire”

    Il s’appelle David Simon. Pendant 12 ans, c’est lui qui était chargé de la rubrique faits divers auBaltimore Sun. Et David Simon a très bien réussi sa reconversion puisqu’avec The Wire, puis Treme et The Deuceil est devenu l’un des auteurs les plus prestigieux du monde de la fiction télé !

    Ici, en compagnie d’Ed Burns, un ancien policier et professeur de Baltimore, Simon construit une œuvre complète et complexe. 

    “The Wire” est la fois très réaliste, quasi documentaire même, et totalement romanesque

    Une mise en scène très sobre, très épurée, une utilisation parcimonieuse de la musique, une lenteur assumée, un récit éclaté… l’intransigeance de David Simon, et ses choix artistiques fortscontribuent à faire de The Wire une oeuvre de tout premier plan. Et comme dans toutes les grandes séries, il y a ici des scènes cultes

    Par exemple celle où le duo de policiers Bunk Moreland et McNulty prononcent un seul et unique mot, pendant 5 vraies minutes… Le f-word, comme on dit pudiquement aux Etats-Unis

    Cette scène, parmi tant d’autres, prouve la singularité, mais aussi la radicalité de la série.

    Cette série est très politique, très engagée, à l’image de son créateur David Simon.  The Wire parle sans doute avant tout du système américain qui pèse de tout son poids sur la vie des citoyens, et notamment les plus pauvres d’entre eux. Et contrairement à la plupart de ses consœurs, cette série n’a pas de héros, pas de personnages principaux.

    Ici, c’est une ville, Baltimore en l’occurrence, qui est au cœur de l’intrigue

    Après 60 épisodes tout pile, The Wire a tiré sa révérence.

    Cinq saisons devenues mythiques, qui continuent à passionner des millions de fans, partout dans le monde, plus de 10 ans après.

    Des personnages, aussi, sont devenus mythiques. On pense, au sénateur Clay Davis, à Bubbles, Snoop, et bien sûr Omar.

    On reste quand même un peu déçu par la dernière saison, celle consacrée notamment aux journalistes, qui est moins convaincante.

    Mais malgré cette relative baisse de régime, The Wire est une série d’exception, l’une des toutes meilleures de l’histoire. Elle peut prétendre à la première place du podium, tout comme une autre série HBO, les Soprano.

    * SIX FEET UNDER (2001)

    SIX FEET UNDER ou SIX PIEDS SOUS TERRE. À Los Angeles, la famille Fisher est à la tête d’une société de pompes funèbres Fisher & Fils, fondée par le père de famille, Nathaniel Fisher (Richard Jenkins). À la mort de ce dernier, ses deux fils, Nathaniel Jr. (Peter Krause), qui a toujours dit ne jamais vouloir prendre la suite de son père, et David (Michael C. Hall), l’introverti, reprennent l’entreprise familiale dont ils viennent d’hériter. Leur mère Ruth (Frances Conroy), doit assumer son rôle de femme. Claire (Lauren Ambrose), la benjamine de la famille, s’efforce de trouver sa voie.

    pourquoi ça reste la meilleure fin de série de tous les temps

    EXTRAIT ECRAN LARGE Geoffrey Crété | 7 novembre 2023 – MAJ : 07/11/2023 Oui, Six Feet Under, la série HBO d’Alan Ball, est un chef-d’œuvre. Et oui, c’est l’une des meilleures fins de série de tous les temps.

    DComment créer un débat-baston ? Demander quelles sont les meilleures fins de série. Parmi les évidences à peu près validées par toutes les personnes de bon goût (ou qui prétendent l’être) : Les SopranoBreaking BadThe LeftoversMad MenFleabagThe ShieldMr. Robot… et Six Feet Under, évidemment.

    Créée par Alan Ball (scénariste oscarisé d’American Beauty), diffusée sur HBO entre 2001 et 2005, Six Feet Under s’est terminée après cinq saisons et 63 épisodes avec l’épisode Tout le monde attend (Everyone’s Waiting). Toutes les personnes qui l’ont vu auront immédiatement en tête la musique de Sia, Breathe Me, ainsi que le tourbillon d’émotions de ce final à peu près parfait, qui conclut admirablement la série en plus d’aller au bout de l’idée même d’une fin d’histoire.

    EXTRAIT SUD OUEST

    S’il est une série à voir avant de mourir, c’est bien celle-ci, « Six Feet Under ». Outre la plaisanterie, de nombreux témoignages de téléspectateurs racontent l’impact de cette œuvre sur la façon dont ils abordent aujourd’hui la mort et le deuil.

    Et c’est donc le 3 juin 2001 que la chaîne HBO, après avoir lancé sa série familiale et mafieuse « Les Soprano », avec le succès que l’on connaît, enfonçait le clou avec ce tout nouveau clan, les Fisher.

    L’histoire débute, comme tous les épisodes d’ailleurs, par un décès. Ici, il s’agit du propriétaire de l’entreprise de pompes funèbres, « Fisher & Sons », Nathaniel Fisher (Richard Jenkins), le patriarche, qui se tue au volant d’un corbillard flambant neuf. Ses deux fils se retrouvent malgré eux à la tête de cette société : David (Michael C. Hall), un gay refoulé, qui s’est préparé depuis longtemps à cette carrière, et Nate (Peter Krause) qui a juré ne jamais devenir croque-mort. La veuve, Ruth (Frances Conroy), qui est en pleine renaissance sexuelle mais veut pleinement jouer son rôle de mère et Claire (Lauren Amborse), sa fille, qui fait ses débuts dans la vie d’adulte, clôturent cette tribu. 

    Tous vont devoir trouver leur place après ce chamboulement à travers des relations conflictuelles entre eux. Et c’est justement ce qui les rend très attachants et fait que l’on a envie de suivre leurs aventures.Mais rassurez-vous, cette série n’est pas lugubre et la mise en scène jamais glauque, loin de là. Même si le thème de départ n’est pas des plus réjouissant, « Six Feet Under » est à la fois drôle et bouleversante. Ironie féroce, humour grinçant, sexualité sont au rendez-vous. Et tout le monde peut se reconnaître dans cette famille

    ** TWIN PEAKS

    *** LE BUREAU DES LEGENDES

    * THE CROWN

    *** WEST WING (A LA MAISON BLANCHE)

    * LE PRISONNIER

    ** SUCCESSION

    GAME OF THRONES

    * FRIENDS

    FLEABAG (2016)

    Dieu que cette actrice est splendide, éblouissante. Dieu que la série est intelligente. Dieu qu’il est dommage qu’elle ne comporte que 2 saisons de 6 courts épisodes.

    EXTRAIT DE TELERAMA

    Sébastien Mauge

    La rocambolesque vie sociale, familiale, sentimentale et sexuelle d’une jeune trentenaire surnommée Fleabag (« sac à puces »). Le pitch est maigre et inversement proportionnel au foisonnement d’idées, d’humour, d’intelligence et d’émotions qui innerve ce petit bijou. Phoebe Waller-Bridge a adapté sa propre pièce de théâtre pour créer et écrire leur série en se donnant le rôle principal. La jeune femme n’hésite pas à briser le fameux « quatrième mur » pour s’adresser directement aux téléspectateurs. Une connivence loin d’être superficielle, qui nous immerge dans un torrent de rires et de larmes, avec une bonne dose d’autodépréciation, morale et physique, une liberté de ton, de l’humour trash et surtout la féroce envie de prôner un féminisme libéré… du féminisme, en faisant voler en éclats les carcans dogmatiques.

    Fleabag est une londonienne déprimée. On le devine petit à petit. On pense d’abord que c’est dû à son boulot de gérante d’un café où les rares clients consomment surtout de l’électricité pour recharger tablettes et portables. Ou c’est peut-être à cause de son petit ami, qui la quitte régulièrement — la dernière fois parce qu’il l’a surprise en train de se masturber devant un discours de Barack Obama ! A moins que ce ne soit le fait de côtoyer sa sœur coincée ou son père distant. On s’en amuse, finissant par se dire que c’est tout cela à la fois, jusqu’à ce que la vérité  éclate à l’arrière d’un taxi, sans prévenir, dans une scène aussi douce que brutale…

    Waller-Bridge a certainement lâché dans la série beaucoup d’éléments personnels. Après tout, Fleabag est son surnom familial. Mais son portrait de femme insaisissable, à la fois familière et mystérieuse, donnant l’impression de prendre sa vie en main avant de s’écrouler pour mieux se relever l’instant d’après, semble être aussi et surtout le résultat d’une fine observation des névroses contemporaines.

    Phoebe Waller-Bridge est une voix unique qui n’a pas fini de résonner et avec laquelle il va falloir compter.

    CHAPEAU MELON ET BOTTES DE CUIR

    COLUMBO

    * THE AMERICANS

    * 24 H CHRONO

    DOWNTON ABBEY

    *** FRIDAY NIGHT LIGHTS

    *** TRUE DETECTIVE

    *** MINDHUNTER

    **FARGO

    * SHERLOCK